Résumé : Depuis une cinquantaine d’années et les dénonciations bourdieusiennes d’iniquité du système scolaire, l’idée d’une attention pédagogique aux particularités des élèves a percolé dans nombre de milieux éducatifs. Depuis 1997 et le décret Missions, les enseignants belges francophones sont enjoints de pratiquer la pédagogie différenciée afin de lutter contre le redoublement et l’échec scolaire qui s’en suit. À cet effet, en 2001, un cours obligatoire de 30h intitulé « la différenciation des apprentissages, des notions d’orthopédagogie et la détection des difficultés d’apprentissage et leur remédiation » est introduit dans la formation initiale des enseignants du primaire et des régents (enseignants des premières années du secondaire). Malgré cela, le système scolaire fabrique toujours autant d’inégalités et de redoublements. Pour comprendre ce phénomène paradoxal, nombre de recherches se sont tournées vers l’observation-analyse des pratiques enseignantes selon des méthodologies diverses. Choisissant une orientation de focale différente, la recherche qui fonde cet article, s’est tournée vers un objet non encore véritablement étudié en Belgique francophone, celui de la formation initiale des enseignants à la question de la différenciation pédagogique. Dans une optique exploratoire et compréhensive, dix enseignants de Haute-Ecole, en charge du cours « la différenciation des apprentissages, des notions d’orthopédagogie et la détection des difficultés d’apprentissage et leur remédiation » ont exposé le contenu de leurs cours, en mettant en exergue ce qui leur semble essentiel à transmettre aux étudiants-enseignants qui auront à mettre en place la différenciation durant leur stage et leurs futures classes.