Résumé : Le but de la philosophie d'Arthur Schopenhauer est de trouver la solution au « problème » de la chose en soi chez Kant. Le Ding an sich n'est pas un concept problématique en soi mais a été problématisé par les postkantiens et philosophes de l'Idéalisme allemand avec lesquels Schopenhauer entretient des liens critiques. Contrairement à Schelling, Fichte et Hegel, l'auteur du Monde comme volonté et comme représentation conçoit la chose en soi kantienne comme une réalité indéterminée et non pas comme une chimère qu'il s'agirait de bannir de tout système métaphysique. À travers sa découverte de la volonté comme l'essence intime du monde, Schopenhauer tente de donner une réponse positive au concept « négatif » de l'inconnaissable chose en soi. Selon notre hypothèse de recherche, le concept de volonté ne peut pas s'émanciper de son télos qui correspond précisément à déterminer la réalité encore indéterminée de la chose en soi. En confrontant les nombreux textes dans lesquels Schopenhauer affirme avoir trouvé un moyen fiable pour connaître l'inconnaissable chose en soi avec les quelques passages plus sceptiques vis-à-vis de cette même cognoscibilité de la chose en soi, nous chercherons à savoir s'il est possible d'amputer à la philosophie schopenhauerienne une doctrine unifiée de la volonté-chose-en-soi. Faut-il, tout au contraire, la considérer comme foncièrement contradictoire ?