Article révisé par les pairs
Résumé : Cet article s’intéresse à la compréhension de l’homogénéité du temps et notamment à la connaissance de l’uniformité de la durée des jours de la semaine et à la conscience de la différence entre temps objectif (homogène et invariable) et subjectif (vécu et variable) chez les enfants. 120 enfants belges et 135 enfants québécois âgés de 5 à 9 ans et répartis dans 4 niveaux scolaires ont répondu à différentes questions sur la durée des jours : Combien de temps dure une journée ? Tous les jours ont-ils la même longueur ? Y a-t-il des jours que l’enfant trouve plus ou moins longs que d’autres ? Quant à la compréhension de l’homogénéité de la durée des jours, les résultats mettent en évidence la difficulté pour l’enfant de concevoir la durée des jours, indépendamment des activités qui s’y déroulent et du vécu subjectif du temps. De nombreux enfants à l’école fondamentale pensent qu’il existe dans une semaine des journées plus longues que d’autres. Les premières réponses reconnaissant l'homogénéité des jours apparaissent vers 5-6 ans (3e maternelle). Elles restent dans l'ensemble minoritaires (20%) et elles ne représentent encore que 33% des réponses en 1e primaire et 43% des réponses en 2e primaire. En 3e primaire, plus de la moitié des enfants (59%) affirment l’homogénéité des jours. Ce n’est que petit à petit, à mesure que l’enfant chiffre et quantifie les durées et les compare, que s’établit la notion de temps quantitatif et homogène. Entre la 3e maternelle et la 3e primaire le taux de justifications s’appuyant sur le temps conventionnel augmente graduellement : les enfants mentionnent que « tous les jours comptent 24 heures ». Pour expliquer l’acquisition tardive de la notion d’homogénéité de la durée, les auteurs proposent de rapprocher celle-ci de la notion de conservation relative aux liquides, aux solides et au nombre étudiée par Piaget (1941). À cela s’ajoutent des facteurs linguistiques. Parmi les enfants ayant admis l’homogénéité du temps, la majorité (63%) parviennent à concevoir et à différencier un temps objectif et un temps subjectif (le leur) et à les mettre en lien.
The comprehension of day duration homogeneity in children from 5 to 9 years. This article studies the development of children’s knowledge that the duration of weekdays is uniform. It also looks at their ability to distinguish between objective (homogeneous and invariable) and subjective (experienced and variable) time. A total of 120 five- to nine-year-old children from four grade levels answered three questions on the duration of days: How long does one day last? Do all the days have the same length? Are there longer or shorter days? The first answers recognizing the homogeneity of days appear at age five or six (in the 3rd year of nursery school). These answers are given by a minority of respondents at this grade level (20%) and account for only 33% of the responses in first grade and 43% of the responses in 2nd grade. In 3rd grade, more than half of the children (59%) recognize the homogeneity of days. Between the 3rd year of nursery school and grade 3 of primary school, the rate of justifications based on conventional time increases gradually: the children mention that all days last 24 hours. To explain the late acquisition of the concept of homogeneity of duration, the authors propose to relate this notion to the concept of conservation (Piaget and Inhelder 1941). The fact that Wednesday is referred to as “the small day” could also slow down the acquisition of the homogeneity of days and of time in general, since this leads the child to believe that there are short and long days. Among the 46 children who recognized the homogeneity of time (i.e. among those who succeeded in evaluating the duration of days independently of their contents and subjective duration), 29 children or 63% recognize and differentiate objective time and subjective time. They are aware of the fact that there are several conceptions of time. They know that there is conventional time which is homogeneous and invariable and subjective time which can change in accordance with personal perceptions.