Résumé : En Belgique francophone, la liberté pédagogique garantie par la Constitution assure aux formateurs d'enseignants une large autonomie dans le choix des approches pédagogiques et des conceptions qui les sous-tendent. Ces choix, assurés localement, dans les différentes Hautes Écoles et universités, influent potentiellement sur les conceptions pédagogiques des futurs enseignants dont ces formateurs ont la charge. En suivant Nettle (1998), nous faisons ainsi l'hypothèse que la formation initiale des enseignant a un effet sur les conceptions de l'enseignement et de l'apprentissage chez les futurs enseignants. Nous faisons également l'hypothèse que différentes Hautes Écoles peuvent avoir différents effets, étant donné que les formateurs d'enseignants peuvent adopter différentes conceptions et les transmettre à leurs étudiants.Notre recherche se base sur Wanlin et Crahay (2015) et a pour but d'identifier les conceptions des futurs enseignants quant à ces approches. Postulant l'existence d'une « doxa » (socio)constructiviste structurant une opposition entre une approche (socio)constructiviste, présentée comme la seule approche contemporaine légitime, et une approche « transmissive », Wanlin et Crahay (2015) ont construit et validé un questionnaire mesurant le degré d'adoption des conceptions « transmissive » et (socio)constructiviste chez les futurs enseignants. Leurs résultats montrent que les futurs enseignants en formation initiale n'adoptent pas une conception dichotomique des approches de l'enseignement et de l'apprentissage et que beaucoup d'entre eux préfèrent une approche sans rejeter l'autre. Cependant, en suivant Gauthier, Bissonnette et Richard (2007), nous postulons que l'approche de l'enseignement explicite bien que souvent confondue avec une approche « transmissive » caricaturée, est une dimension distincte du modèle, qui doit être appréhendée par des items spécifiques et qui peut être adoptée par certains futurs enseignants en formation initiale.Un questionnaire incluant ces nouveaux items sur l'enseignement explicite a été conçu, postulant que les répondants peuvent être caractérisés sur trois dimensions non-indépendantes : les approches (socio)constructiviste, « transmissive » et explicite. Ce questionnaire a été administré à 563 futurs enseignants en formation initiale dans 5 Hautes Écoles et une université situées dans deux villes belges francophones en février et mars 2018. Nos résultats montrent qu'il est possible de construire des échelles consistantes mesurant le degré d'adoption des approches « transmissive » et (socio)constructiviste, mais pas de l'approche explicite. De plus, contrairement à Wanlin et Crahay (2015), nous montrons qu'il existe chez nos répondants une faible corrélation négative entre les approches (socio)constructiviste et « transmissive ». Finalement, de façon cohérente avec Wanlin et Crahay (2015), nos résultats montrent que les futurs enseignants développent une conception de plus en plus (socio)constructiviste et s'opposent de plus en plus à une approche « transmissive » au fur et à mesure de leur formation initiale.RéférencesNettle, E.B. (1998). Stability and change in the beliefs of student teachers during practice teaching. Teaching and teacher education, 14(2), 193-204.Wanlin, P., et Crahay, M. (2015). Les enseignants en formation face aux approches pédagogiques : une analyse en classes latentes. Revue des sciences de l'éducation, 41(2), 251-276