Résumé : Depuis quelques années déjà de nombreux didacticiens proposent, en réponse à un constat d’échec de la programmation actuelle de l’enseignement, de débuter l’apprentissage de la théorie de l’évolution et plus particulièrement de la sélection naturelle dès la fin du cursus primaire. Cette proposition renvoie à un nécessaire questionnement didactique sur la définition du modèle de la sélection naturelle qui doit être l’objet d’apprentissage et sur les modalités de sa construction de la part des élèves. Dans cette étude, nous tentons d’étayer cette proposition en choisissant d’envisager l’apprentissage de ce concept à partir du cadre théorique de la problématisation. Une analyse épistémologique de la sélection naturelle et une revue de la littérature des conceptions et des obstacles des élèves lors de l’apprentissage de la théorie de l’évolution sont tout d’abord réalisées. Ensuite nous testons une situation didactique dont la passation vise à nous renseigner sur le processus d’apprentissage de cette notion chez des élèves de 6ème primaire en Fédération Wallonie-Bruxelles. La séquence que nous avons proposée aux élèves implique donc de développer un modèle explicatif articulant différentes nécessités construites en réponse à un problème de modification morphologique d’une population au cours du temps. En accord avec les notions scientifiques vues à ce niveau scolaire, nous avons décidé d’outiller les élèves avec un cadre conceptuel de type darwinien. A partir d’analyses conceptuelles, d’analyses de l’évolution des objets du discours et d’analyses des argumentations menées sur les échanges oraux et sur les productions écrites des élèves, il a été possible mettre à jour le travail des trois nécessités identifiées lors des analyses épistémologiques et lors de l’analyse à priori. Néanmoins plusieurs obstacles reconnus comme le finalisme, le vitalisme ou encore l’essentialisme sont identifiés dans les propos des élèves durant et après la passation de la situation didactique. Une explication travaillée lors des débats se rapproche cependant d’une conception darwinienne de la sélection naturelle. Il semblerait que cette construction s’appuie notamment sur des outils insérés dans le canevas de départ de l’activité et sur le travail de questionnement de l’enseignante. Ces derniers semblent donc permettre la construction d’une conception mobilisable du processus de variation morphologique héréditaire. Cependant aux termes de l’activité, les élèves rencontrent des difficultés pour valider l’une des explications qu’ils ont construites durant le débat. La justification par l’aléa semble aussi être difficile à prendre à charge pour les élèves. A partir de ces résultats nous envisageons finalement de nouvelles pistes de travail.