Résumé : Si au Brésil l’entrepreneuriat se présente comme une alternative pour les travailleur·euse·s du secteur culturel, peut-il en être une pour permettre aux populations noires de participer à la vie citoyenne d’un pays rongé par les inégalités ? Ainsi, dans ce travail, je m’interroge sur la constitutivité de la démarche entrepreneuriale dans les pratiques des producteur·rice·s culturel·le·s noir·e·s qui interviennent après l’étape de la création. En m’appuyant sur la scène hip-hop de São Paulo, et adoptant une approche qualitative - rare dans le champ entrepreneurial - je m’essaye à donner un sens aux déterminants qui mènent ou motivent les producteur·rice·s culturel·le·s noir·e·s à entreprendre. Beaucage & al. (2004) proposent une perspective continue du dilemme volontaire-involontaire de la démarche entrepreneuriale; alors que Fraser (2011) s’attache aux formes de lutte pour la reconnaissance qui s’opèrent dans nos sociétés contemporaines, d’Adesky (2001) en repère au Brésil. À la lumière de ce cadre théorique et à partir de trois entretiens, je mets en lumière une démarche entrepreneuriale paradoxale qui répond à la fois à une contrainte déplorée d’un système brésilien inique, mais aussi à un choix assumé soutenu par des revendications identitaires. Par ailleurs, si un modèle particulier se dégage par l’identification de pratiques collectives, ce travail ne permet pas de généraliser les résultats, ni de conclure à un modèle singulier que constituerait la démarche entrepreneuriale des producteur·rice·s culturel·le·s noir·e·s étudié·e·s.