Résumé : La volonté européenne d’imposer son leadership en méditerranée occidentale s’est accentuée au début du siècle. L’UE et ses membres, ont réussi a influencé la dynamique sécuritaire de la région autour des enjeux migratoires. L’immigration irrégulière, est présentée comme un danger pour les sociétés européennes. Afin d’endiguer le phénomène migratoire, de nombreux états européens mettent en place des accords bilatéraux avec des pays de la rive sud, comme le tristement célèbre accord Italie-Libye (2017). De son côté, l’UE met en place un ensemble de mécanismes et d’outils (Frontex, Seahorse, Eurosur) permettant de faciliter la coopération et l’action des états-membres. Les états maghrébins sont incités à limiter les voies migratoires régulières en instaurant des politiques plus restrictives à l’encontre des migrants, avec des mesures de renforcement de la surveillance, de détention et d’expulsion (T. Abede 2019). En 2015, la mise en place du plan d’action commun de La Valette (PACV) est un tournant dans l’approche de la migration méditerranéenne. Les acteurs maghrébins jusqu’alors relais de la politique migratoire européenne mobilisés dans la gestion de leurs propres frontières sont depuis enrôlés comme point d’appui pour l’Afrique subsaharienne.L’objectif de cette recherche est de dépasser l’idée d’une simple externalisation des politiques européennes en méditerranée occidentale. Bien que le dialogue migratoire soit inégal entre l’Europe et l’Afrique, l’externalisation n’est pas satisfaisante, pour réfléchir à l’interdépendance complexe qui se construit autour de la sécuritisation de la migration. L’imbrication des politiques migratoires euromaghrébines se construit au sein d’un Complexe de Sécurité Régionale (Buzan & al., 2003). Ce concept nous permet de mieux évaluer le poids de la question migratoire en méditerranée occidentale, qui participe au détachement progressif du Maghreb du Complexe Moyen-Orientale au profit de l’Europe. Et ainsi répondre à notre problématique : Dans quelle mesure l’UE enrôle-t-elle ses partenaires maghrébins autour des questions d’insécurité de la migration ?