Résumé : But du mémoire : L’objectif primaire de cette étude est d’évaluer le vécu et la satisfaction suite à la mise en place d’un journal de bord auprès de patients hospitalisés en USI pour une pneumonie à SARS-CoV2 et de leurs proches. Les objectifs secondaires sont d’analyser les effets du journal de bord sur la qualité de vie, les symptômes d’anxio-dépression et de stress post-traumatique (PTSD) du patient et du proche à 3 et 6 mois.Matériel et Méthodes : étude de cohorte observationnelle et monocentrique du 15 mars 2020 au 31 mars 2021. Critères d’inclusion : (GI) groupe intervention avec journal de bord : adultes hospitalisés pour une pneumonie à SARS-CoV2, séjour ≥ 5 jours, et leur proche référent ; (GC) groupe contrôle : adultes hospitalisés pour une insuffisance respiratoire aiguë (IRA), séjour ≥ 5 jours. Les participants sont évalués en consultation à 3 et 6 mois après la sortie des USI via différents questionnaires : le questionnaire de satisfaction du journal de bord et le questionnaire de satisfaction des soins FS-ICU 24 (GI), l’Hospital Anxiety and Depression Scale (HADS) mesurant l’anxiété et la dépression, l’Impact Event Scale Revised (IES-R) estimant le risque d’émergence d’un PTSD, et le questionnaire de qualité de vie EuroQol-5D-3L pour les 2 groupes.Résultats : Notre population porte sur 41 patients répartis en : (GI) : n=20 patients SARS-CoV2, âge médian 58 ans, 15 hommes, SAPSIII médian 53, Charlson médian 1,5 ; (GC) : n=21 patients en IRA, âge médian 57 ans, SAPSIII médian 63, Charlson médian 2. Le GI présente une durée médiane de ventilation mécanique plus longue que le GC (23 jours vs 7 jours, p<0,0016), une incidence du delirium plus importante (80% vs 43%, p<0,03) et une durée de séjour en USI prolongée (27,5 jours vs 15 jours, p<0,03). Les patients du GI ont bénéficié d’un séjour au middle care (durée médiane 11,5 jours, p<0,001) et en revalidation (34,5 jours, p<0,001) contrairement aux patients du GC.Le score EVN de qualité de vie médian à 3 mois est de 70% (60-80) et 60% (45-72) pour le GI et GC respectivement et de 70% dans les deux groupes à 6 mois post-USI. Le GC présente à 3 mois un score médian d’anxiété plus élevé que le GI (5,5 vs 3,5 ; p<0,04) ; le score médian de dépression du GI diminue significativement de 3 à 6 mois (de 6 à 2, p<0,02). Aucune différence dans la symptomatologie clinique (seuil HADS ≥ 8) n’est observée entre les deux groupes : (GI) : anxiété (20% à 3 & 6 mois), dépression (35% à 3, 15% à 6), PTSD (16% à 3, 15% à 6) ; (GC) : anxiété (28% à 3, 17% à 6), dépression (11% à 3 & 6), PTSD (28% à 3, 11% à 6).Les proches (GI) (âge médian 54,5 ans) sont majoritairement des femmes (80%), le conjoint (60%) et le fils/fille (25%). Plus de 90% des proches sont très satisfaits des soins prodigués à l’USI. Les médianes des scores HADS_A et HADS_D sont ≥ 8 à 3 et 6 mois. Le score HADS_D médian diminue de 3 à 6 mois (de 8 à 2 ; p<0,0026). A 3 et 6 mois respectivement, 67 et 71% des proches souffrent d’anxiété, 60 et 29% souffrent de dépression. A 3 mois, le score IES-R médian est de 34, et la prévalence de PTSD est de 60%. Plus de 80% des patients et leurs proches sont très satisfaits de l’utilisation du journal de bord. Trois patients sur quatre ont eu envie de le lire et deux-tiers des proches souhaitaient y retranscrire leur ressenti. La majorité des participants l’estime bénéfique.Conclusion : Au regard du caractère traumatique que représente le séjour en USI et des répercussions psychologiques qu’il engendre, un suivi post-USI permet de dépister systématiquement les patients à risque et leurs proches. La tenue d’un journal de bord par les soignants et les proches est un outil simple pour maintenir le lien entre le patient et sa famille et améliorer les souvenirs qu’a le patient de son séjour en USI. Les bénéfices du journal de bord sur la santé mentale évaluée par les échelles usuelles d’anxio-dépression et de PTSD n’ont pas été mis en évidence par cette étude à petite échelle.