Résumé : Le monde est actuellement traversé par une série de transformations, lentes mais certaines de la géobiosphère dont les société humaines dépendent. Nous pouvons citer à titre d’exemple le réchauffement climatique, la perte de biodiversité ou encore la diminution progressive mais certaine des énergies fossiles disponibles. A côté de cela, la société humaine globalisée, mise en place dans le cours des deux derniers siècles, a conduit l’humanité à vivre dans un système hautement connecté dans lequel des perturbations d’origine socio-économique (crise économique, mouvements de contestation, ...) ou d’origine naturelle (pandémie, espèces invasives, …) peuvent se propager globalement et à grande vitesse. Ceci place l’humanité, et la biosphère de manière générale, dans un climat d’incertitude. Dès lors, ces dernières années, on a vu se développer un intérêt particulier pour le concept de résilience qui consiste justement à améliorer les chances de continuité d’un système face à des risques non-spécifiques.Dans ce mémoire, nous proposons d’étudier ce concept de résilience appliqué à un système humain dans le cadre d’initiatives citoyennes. Pour illustrer cela, nous avons choisi de travailler dans le contexte des écovillages qui, d’après nos recherches préalables, se présentent comme un excellent terreau pour des initiatives de transition durable et pourrait s’avérer être un observatoire de pratiques résilientes.Dans ce travail nous avons donc décidé de tester l’hypothèse suivante : Les écovillages mettent en place des mécanismes de résilience améliorée (explicites ou implicites) de par leur nature collective, tournée vers l’autonomie et vers la durabilité. Pour cela nous avons d’abord clarifié la notion de résilience qu’il nous fallait adopter dans le contexte des écovillages dans des pays à hauts revenus (basés en Belgique et Europe en général) et avons conclu dans que la notion de résilience générale liée aux systèmes socio-écologiques était bien adaptée à cet exercice. Pour avancer sur le travail de terrain, nous avons passé en revue une quinzaine d’outils d’évaluation de la résilience mais, ne trouvant pas d’outil adapté, nous avons proposé une grille de lecture de la résilience adaptée aux initiatives locales de type écovillage. Armé de cet outil, nous sommes partis sur une recherche de terrain impliquant l’étude de 16 écovillages. Huit écovillages belges ont été étudiés sur base de résultats d’interviews menées dans le cadre de ce travail et huit autres écovillages européens ont été analysés sur base de media web et publications complémentaires. Nous avons observé que des pratiques telles que le choix de vie en groupe (avec le travail sur la communication qui en découle), le choix d’une vie plus proche et plus en harmonie avec la Nature, l’esprit d’entreprendre et de surmonter les défis et l’esprit d’innovation nécessaire à relever de nombreux défis (particulièrement dans les domaines de construction, consommation et alimentation durable) sont des atouts qui confèrent aux écovillages leur force de résilience. Ceci a permis de donner du poids à notre hypothèse de départ.Dans un climat d’incertitude générale quant à l’avenir de notre mode de vie, ce travail suggère d’accorder un intérêt particulier aux écovillages, non pas en tant que nouveau modèle de vie à généraliser à toute la société mais comme laboratoire de pratiques résilientes et durables que nous pourrions développer dans le reste de la société.