Mémoire
Résumé : | Ce mémoire relève et discute des implications du terme de la violence dans des actions militantes. Plus précisément, ce travail questionne la représentation que l’Organisation Non-Gouvernementale Internationale (ONGI) Sea Shepherd et l’Institut japonais de Recherche sur les Cétacés (IRC) se font d’actes violents en haute mer pendant les campagnes de l’ONGI entre 2002 et 2017. Pour ce faire, une approche constructiviste constitue le cadre théorique de cette recherche. Celle-ci admet que chaque partie construit subjectivement sa propre perception d’un acte ou d’un phénomène – somme toute de la réalité sociale. Cette recherche contribue à la littérature du champ des Relations Internationales en démontrant comment la réalité sociale des acteurs engagés est co-construite à partir des définitions subjectives de deux concepts centraux à l’analyse : la violence et la sécurité. Dans ce conflit qui oppose une ONGI défendant les droits de la faune et flore maritime à un organe gouvernemental du Japon exploitant la ressource naturelle qu’est la baleine, il est argumenté que l’acte de l’opposant est systématiquement délégitimé en tant que violent. Une analyse de discours qualitative d’un corpus de documents officiels de l’IRC et de sept entretiens avec des militants et militantes permet de comprendre comment les représentations de la violence et de la sécurité de chaque partie sont construites. L’IRC perçoit Sea Shepherd comme des pirates et des éco-terroristes qui mettent en péril la sécurité économique du pays et ses recherches scientifiques, ainsi que la vie des équipages à bord des baleiniers, à travers ses actions militantes violentes. Pour Sea Shepherd, c’est la sécurité du vivant dans son ensemble qui est mise en péril via l’acte violent dans les eaux internationales qu’est la mise à mort des baleines. Contrairement aux hypothèses déduites de la revue de la littérature, les propres actions ne sont pas légitimées selon le registre de la violence, mais précisément sans avoir recours à cette étiquette perçue comme péjorative. Il reste à ajouter qu’un cadre juridique et un cadre d’enjeux de lutte délimitent l’entrecroisement et l’affrontement des représentations des acteurs selon qu’une action soit tantôt perçue comme (il)légale ou (il)légitime. |