Résumé : Cette thèse explore les modalités concrètes d'une réintroduction de la rhétorique dans l'enseignement secondaire contemporain. Partant du constat que l’enseignement des lettres est aujourd’hui traversé par une tension profonde entre une conception purement esthétique, centrée sur l’étude patrimoniale des textes littéraires, et une vision exclusivement instrumentale de la communication, ce travail envisage une autre voie fondée sur une réinvention critique de la rhétorique. Dans cette perspective, il s’inscrit dans la continuité des propositions récentes, au sein du champ francophone des études rhétoriques, invitant à un retour de la rhétorique dans l’enseignement. Cette recherche adopte une démarche pragmatique inspirée de la logique de l’enquête du philosophe John Dewey, reformulée pour les sciences de l’éducation par Joris Thievenaz. En mobilisant des concepts clés issus de la didactique, notamment ceux de « conscience disciplinaire » et de « configuration didactique », cette thèse propose une théorisation prospective de ce que pourrait être aujourd’hui une « rhétorique enseignée » dans la culture scolaire française. Pour cela, elle associe étroitement la théorisation et l’analyse de données empiriques variées : observations ethnographiques des identités disciplinaires des enseignants, étude de programmes scolaires et universitaires et examen critique de manuels de rhétorique anciens – en particulier l’Institution oratoire de Quintilien – et contemporains.