Thèse de doctorat
Résumé : L'hidradénite suppurée (HS) est une maladie inflammatoire chronique de la peau caractérisée par la présence de lésions douloureuses situées principalement dans les grands plis cutanés. Sa prévalence est estimée à environ 0,4 % dans les pays occidentaux. Elle se manifeste généralement après la puberté, bien que le diagnostic soit retardé en moyenne de sept ans. L'HS est très hétérogène en termes de sévérité, de présentation clinique, d'évolution et de réponse aux traitements ; ceux-ci comprennent notamment des antibiotiques, des rétinoïdes, des biothérapies, des traitements hormonaux, de la chirurgie et des traitements par laser. Cette hétérogénéité n'est pas reflétée dans les diverses guidelines du traitement de l'HS, qui ne prennent en compte que la sévérité de la maladie, malgré le fait que cette sévérité soit elle-même difficile à définir. Le but de notre travail est de mettre en lumière ces paradoxes, d'établir les outils nécessaires pour les résoudre et ainsi contribuer à une approche thérapeutique plus personnalisée de l'HS.Dans un premier temps, nous décrivons la mise à jour du Registre Européen de l'HS (ERHS), un registre qui permet de collecter les données nécessaires à la suite de notre travail. L’évaluation de la sévérité de la maladie repose sur des scores cliniques, nombreux et variés, chacun ayant ses propres limites. Nous avons passé en revue les points forts et les points faibles de ces scores, en illustrant leurs incohérences par de petites séries de patients.Il est difficile de construire une médecine personnalisée sans un score parfaitement consensuel, c'est pourquoi nous avons développé le métascore, une technique qui permet de combiner plusieurs scores existants.Grâce à ce registre et aux modifications qui y ont été apportées, notamment l'automatisation du calcul de nombreux scores cliniques, et grâce au métascore - qui peut être utilisé de plusieurs manières, comme score de sévérité ou comme score de réponse à un traitement - nous avons pu faire quelques pas vers le développement d'une médecine plus personnalisée dans le domaine de l'HS.Par exemple, nous avons identifié que certains phénotypes étaient associés à une meilleure réponse à l'adalimumab, en particulier le phénotype « frictional furuncles » et le phénotype « conglobata », contrairement au phénotype « scarring folliculitis ».Étant donné que de nombreux patients présentent à la fois une HS et une acné sévère, et sachant que l’isotrétinoïne pourrait potentiellement aggraver l’HS, nous avons jugé opportun d'étudier chez quels patients l'isotrétinoïne pouvait être prescrite en toute sécurité et chez lesquels elle ne devrait pas être prescrite. Nous avons conclu que l'isotrétinoïne pouvait aggraver ou déclencher l'acné chez les patients atteints d'HS avec un phénotype « conglobata » ; cette étude nous a permis d'établir un lien entre deux entités nosologiques très similaires : l'acné conglobata et le phénotype « conglobata » de l'HS.Enfin, l'HS étant hétérogène tant dans sa présentation clinique que dans son pronostic, et la médecine personnalisée devant prendre en compte le risque d'évolution vers une maladie plus sévère, nous avons cherché à déterminer quels étaient les facteurs associés à une HS plus sévère. Toujours en utilisant l'ERHS et le métascore, nous avons pu clarifier le rôle du tabagisme et du surpoids dans l'aggravation de l'HS, et confirmer la plus grande sévérité de l'HS chez les hommes, ainsi que par rapport à certaines localisations telles que les régions périanales et axillaires.Ces quelques pas dans la médecine personnalisée de l’HS pourraient en réalité constituer un premier progrès vers son développement. En combinant notre travail avec d'autres études sur d'autres moyens thérapeutiques, qu'ils soient cliniques, échographiques ou via l’utilisation de biomarqueurs, il est concevable que de nouvelles guidelines basées sur des caractéristiques phénotypiques puissent être développées dans un avenir proche.