par Farina-Schroll, Andreas
Président du jury Mazzù, Antonino
Promoteur Delcomminette, Sylvain ;Dumont, Augustin
Publication Non publié, 2024-11-28
Président du jury Mazzù, Antonino
Promoteur Delcomminette, Sylvain ;Dumont, Augustin
Publication Non publié, 2024-11-28
Thèse de doctorat
Résumé : | Que cela signifie-t-il d’être platonicien ? Le platonisme est-il une tradition philosophique dont l’adhésion serait garantie par une plus ou moins grande érudition des textes qui la fondent ou s’agirait-il plutôt d’une attitude cognitive spécifique reposant sur des critères conceptuels ? Dans cette thèse, nous souhaitons offrir une étude systématique du platonisme de J.G. Fichte, un penseur allemand du tournant du XIXe siècle largement considéré comme le fondateur de l’idéalisme allemand. Depuis le début du XXe siècle, la recherche spécialisée observe de nombreuses analogies entre la philosophie fichtéenne et la tradition platonicienne, un constat qui concerne plus particulièrement la théorisation de la notion d’image que présentent ces deux systèmes de pensée. Toutefois, la question du platonisme de Fichte ne fait pas l’unanimité parmi les interprètes : si pour certains, il ne fait aucun doute que Fichte doive être inclus parmi les auteurs de la tradition platonicienne, pour d’autres, la supposée ressemblance entre la philosophie fichtéenne et le platonisme ne consisterait qu’en une série d’analogies superficielles. La difficulté principale à laquelle se bute l’étude du platonisme de Fichte repose dans le fait que les mentions du platonisme sont très rares dans l’œuvre de Fichte, et ce, au point que certains doutent même que Fichte ait lu le moindre dialogue platonicien. Comme si ce n’était pas suffisant, même lorsque les spécialistes s’accordent pour attribuer à Fichte l’épithète de platonicien, ceux-ci ne s’accordent pas forcément sur le type de platonisme auquel il faudrait le rapprocher. Avec consternation, nous réalisâmes qu’il n’existait aucune étude systématique du platonisme de Fichte qui permettrait de faire toute la lumière sur la question. Afin de remédier à cette situation malencontreuse, notre thèse propose d’établir l’Archéologie et la reconstruction du platonisme de Fichte. L’Archéologie du platonisme de Fichte consiste en l’étude historiographique complète de la question du platonisme fichtéen. Dans les trois chapitres qui composent cette première section de notre thèse, nous analysons les trois volets principaux selon lesquels le platonisme de Fichte doit être envisagé du point de vue historique : 1) les mentions directes du platonisme dans les écrits de Fichte, 2) l’observation du parallèle avec le platonisme dans la réception de la philosophie fichtéenne et 3) les trois possibles sources de l’héritage du platonisme sur Fichte. Dans la seconde section de notre étude, la Reconstruction du platonisme de Fichte, nous souhaitons montrer la compatibilité entre Fichte et Plotin en nous prêtant à un exercice comparatif des trois grands thèmes du système fichtéen : 1) la fondation de la connaissance de soi dans l’intuition intellectuelle, 2) les limites et les usages de la discursivité et 3) l’importance accordée aux notions d’image et d’imagination. À la frontière entre l’histoire de la philosophie et la philosophie comparée, notre thèse porte la profonde conviction que la réflexion philosophique doit nécessairement confronter sa propre histoire si elle veut aboutir à des résultats durables, puisqu’une telle confrontation nous force à redécouvrir des liens insoupçonnés, en l’occurrence, la nature de la relation qui unit l’idéalisme et le platonisme. |
What does it mean to be a Platonist? Is Platonism a philosophical tradition whose membership is granted on the basis of a more or less profound erudition of a text corpus or is it rather a specific cognitive mindset relying on a conceptual criterion? In this thesis, we propose to establish a systematic study of J.G. Fichte’s Platonism. Fichte is a German thinker of the turn of the 19th century, who is largely considered to be the founder of German Idealism. Since the beginning of the 20th century, Fichte’s philosophy has often been observed to present a variety of analogies with the Platonic tradition, especially its image theory. That being said, Fichte’s Platonism is not unanimously accepted among specialists: for some, Fichte unambiguously belongs with the Platonic tradition, but for others, Fichte’s so-called Platonism relies exclusively on the basis of superficial analogies. Arguably, the chief difficulty of the study of Fichte’s Platonism is the quasi-absence of mentions of Platonism in Fichte’s work. Furthermore, even when interpreters agree to qualify Fichte as a Platonist, they do not necessarily agree upon which kind of Platonism his philosophy should be compared to. To our great surprise, we found that no one has ever attempted a systematic study of Fichte’s Platonism which would resolve the issue once and for all. To remedy to this situation, we propose to establish such a study by proceeding to the Archaeology and Reconstruction of Fichte’s Platonism. The first part of our thesis, the Archaeology of Fichte’s Platonism, is a complete historiographical study of the sources of Fichte’s Platonism. The three chapters forming that section inspect the three aspects through which Fichte’s Platonism should be analyzed from a historical point of view: 1) the position of Platonism inside Fichte’s work, 2) the observation of the parallel with Platonism in the reception of Fichte’s philosophy and 3) the three possible sources of Platonic influence on Fichte’s thought. The second part of our thesis, the Reconstruction of Fichte’s Platonism, is an attempt to prove the compatibility of Fichte’s and Plotinus’s philosophy by comparing their respective insights on three main themes: 1) the question of self-knowledge and its relation to the notion of intellectual intuition, 2) the uses and limitations of discursive thought and 3) the central role given to the notions of imagination and image. At the frontier of history of philosophy and comparative philosophy, our thesis lies on the conviction that philosophical thinking requires to confront itself to its own past if it wants to achieve any sustainable outcome, for such a confrontation forces to rediscovers unexpected relations, among which the relation that unites Platonism and Idealism. |