Résumé : La maîtrise de l’écrit et de l'orthographe, est essentielle dans un monde où la communication numérique s’accroit. En français, l’acquisition de l'orthographe est difficile, notamment à cause des multiples correspondances entre phonèmes et graphèmes (par exemple, le phonème /s/ peut s'écrire avec les graphèmes : ‘s’, ‘c’, ‘ss’, etc.). Cette acquisition est d’autant plus difficile pour les enfants sourds et malentendants, dont l'accès à la langue orale est plus limité, ce qui impacte l'apprentissage de l'écrit qui souvent tout au long de leur scolarité.Les stratégies orthographiques en français reposent principalement sur des connaissances phonologiques (correspondances entre phonèmes et graphèmes), orthographiques (règles contextuelles du n devenant m devant un p, régularités orthographique incidemment apprises par l’exposition à l’écrit ou encore des éléments spécifiques non retrouvables par la phonologie : les graphèmes inconsitants du mot thym), morphologiques (e.g., grand/grande), étymologiques et l'origine des mots empruntés à d'autres langues (e.g., spaghetti). L’objectif de cette thèse est d’étudier ces processus d’acquisition chez les enfants présentant une déficience auditive (DA) et ayant le français oral comme langue maternelle, en comparant leur capacité à créer de nouvelles représentations orthographiques à celle des enfants avec une audition typique (AT).Nos résultats montrent que les enfants avec DA créent de nouvelles représentations orthographiques via la lecture, à l’instar des enfants avec AT. Ils sembleraient s'appuyer davantage sur des indices visuo-orthographiques pour apprendre de nouveaux mots écrits et utilisent plus de stratégies phonologiques pour orthographier des mots connus, même inconsistants comme pyramide, probablement à cause de représentations orthographiques moins stables. Dans des tâches de reconnaissance des mots cibles parmi des distracteurs, les enfants avec DA sont aussi performant que les enfants avec AT, voire même meilleurs quand l'exposition préalable au mot est contrôlée. Cette thèse propose une contribution théorique et clinique, notamment par la création d’un outil d’évaluation orthographique à partir d’images, pour les enfants avec DA et AT en fin d’école primaire, et l’utilisation de diverses méthodes (production écrite, reconnaissance, copie différée) pour évaluer la qualité des représentations orthographiques.