Résumé : Au printemps 2014, l’État ukrainien est incapable de faire face à la vague sécessionniste qui s’empare de la région du Donbas à l’est de l’Ukraine. Pour pallier les fragilités de l’armée, l’État ukrainien a recours à deux solutions principales : d’une part, la création de bataillons de volontaires sur tout le territoire ukrainien, d’autre part l’appel aux combattants volontaires. Dans ce contexte, des milliers d’Ukrainiens prennent les armes au nom de la défense de l’Ukraine. Comment des personnes sans prédisposition particulière en viennent-elles à envisager la prise des armes et quels effets cela produit-il sur leur trajectoire de vie ? À partir d’une enquête qualitative menée en Ukraine entre 2019 et 2021, cette thèse analyse les modalités de la prise des armes des combattants volontaires en adoptant une approche microsociologique. Au moyen d’une analyse processuelle de l’engagement, ce travail met en évidence le continuum entre l’engagement sur la place Maïdan au moment de la Révolution de la dignité à l’hiver 2013-2014 et l’engagement armé au printemps 2014. L’approche micro sociologique adoptée dans ce travail permet de se détacher de la question de la construction ou de la faillite de l’État, souvent dominante dans l’étude des conflits armés. Ce travail se concentre plutôt sur les modalités de la prise des armes en montrant l’autonomie des acteurs dans leur parcours d’engagement armé, la façon dont l’expérience de guerre altère ou non la trajectoire d’engagement et enfin les enjeux relatifs au retour à la vie civile dans le contexte d’une guerre inachevée.