Résumé : Les volcans Nyiragongo et Nyamulagira, qui appartiennent à la chaîne des Virunga, sont parmi les plus actifs au monde et menacent la région densément peuplée du Nord-Kivu. Le Nyiragongo, en particulier, surplombe de ses 3.470 m la ville de Goma en République Démocratique du Congo (RDC) et celle de Gisenyi au Rwanda. Ses trois dernières éruptions (1977, 2002 et 2021) ont provoqué des pertes en vies humaines et en moyens de subsistance, ainsi que des destructions et des perturbations socio-économiques majeures.Les conséquences des éruptions du Nyiragongo et du Nyamulagira ont démontré que la RDC n’était pas encore suffisamment préparée à la prévision des éruptions de ces deux volcans et dans la réduction des risques y associés.En 1977, les coulées de lave du Nyiragongo ont fait de très nombreuses victimes, mais se sont arrêtées à 500m au nord de l’aéroport de Goma après avoir détruit plusieurs villages et des champs de cultures.En 2002, les coulées ont traversé Goma et détruit environ 10% du bâti de la ville, faisant de nombreuses victimes et sans-abris. Après cette éruption, la ville de Goma a été reconstruite et a connu une expansion démographique très rapide. Elle compte aujourd’hui plus d’un million d’habitants.Suite à l’éruption du Nyiragongo en 2002, et dans le but d’améliorer la surveillance des deux volcans et mieux pallier aux risques liés à leurs éruptions, la station de géophysique de Goma du Centre de Recherche en Sciences Naturelles de Lwiro (CRSN/Lwiro), a été élevé au rang de Centre autonome de recherche dénommé Observatoire Volcanologique de Goma (OVG) par l’Arrêté ministériel n°MINRS/CABMIN/016/LKM/2009 du 13 avril 2009.La mission assignée à l’OVG consiste en la compréhension et la surveillance scientifique des volcans actifs des Virunga et du lac Kivu, avec comme finalité d’alerter l’autorité politico-administrative de l’éventualité d’une éruption. Cette surveillance s’appuie sur des observations régulières et sur un réseau instrumental réparti sur différents sites, en collaboration avec plusieurs partenaires étrangers.Par ailleurs, au regard de l’Ordonnance n°20/017 du 27 mars 2020 fixant les attributions des Ministères, l’une des missions du Ministère de la Recherche scientifique et Innovation Technologique est l’orientation de la recherche scientifique et technologique vers l’appui aux efforts de reconstruction et de développement du pays. Pour ce faire, et malgré la modicité des moyens à sa disposition, le Ministère de la Recherche scientifique et Innovation Technologique ne ménage aucun effort (y compris le recours à l’appui de partenaires extérieurs) dans la recherche des solutions pour augmenter les capacités de l’OVG, aussi bien scientifiques, techniques que matérielles.Fort malheureusement, la dernière éruption du Nyiragongo, survenue soudainement en date du 22 mai 2021, a été marquée par l’absence de signaux précurseurs et a mis en évidence toutes les difficultés de la prévision et de la gestion d’un tel événement. Cette éruption a eu un fort écho international en raison de son caractère soudain, des dommages qu’elle a occasionnés, et des craintes de l’éventualité de nouvelles coulées. Elle a aussi suscité des polémiques quant à la surveillance du volcan, les mesures de précaution, les procédures d’alerte et de communication.L’impact socio-économique de cette dernière éruption a été relativement limité car les coulées de laves ont surtout affecté la zone urbanisée peu habitée au nord de Goma, en territoire de Nyiragongo. Cependant, une déstabilisation éventuelle des eaux profondes du lac Kivu, chargées en CO2 et CH4 ferait craindre la possibilité des phénomènes phréatomagmatiques dans Goma.Par conséquent, il est crucial de poursuivre les efforts en matière de surveillance des aléas volcaniques et d’anticipation/gestion des risques volcaniques dans la région des Virunga, afin de réduire l’impact des prochaines éruptions.L’éruption de mai 2021 a suscité une attention particulière du premier citoyen de la RDC, Son Excellence Monsieur Felix Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, Président de la République, Chef de l’État. Un vif intérêt pour la situation difficile qu’a vécu la région a été également manifesté par le Premier Ministre, Son Excellence Monsieur Jean Michel SAMA LOKONDE KYENGE ainsi que tout le gouvernement et particulièrement son Excellence Monsieur le Ministre de la Recherche scientifique et Innovation Technologique, Maître José MPANDA KABANGU. Leur présence, aux côtés de la population sinistrée, a été très remarquable et appréciée comme jamais auparavant.La volonté de renforcer le système de surveillance des volcans des Virunga a été fortement exprimée par ces Autorités.C’est ainsi que le Chef de l’État, au travers du Premier Ministre et du Ministre de la Recherche scientifique et Innovation Technologique de la RDC, a tenu plusieurs séances de travail sur la question générale des catastrophes naturelles et, en particulier, sur la problématique des éruptions volcaniques dans les Virunga.À l’issue de ces différentes séances de travail, plusieurs résolutions et recommandations ont été formulées, parmi lesquelles l’organisation d’une Conférence Internationale sur la surveillance et la gestion des risques volcaniques dans la région des Virunga.Cette conférence internationale, qui se tiendra du 19 au 21 Mars 2022 dans la ville de Goma, constitue une opportunité exceptionnelle d’échanges scientifiques entre chercheurs nationaux, experts étrangers et autres acteurs-clés, mais aussi une occasion unique pour définir et planifier les priorités pour renforcer les capacités de l’OVG à réduire l’impact des prochaines éruptions des volcans des Virunga, en concertation avec les Partenaires Techniques et Financiers nationaux et internationaux.