Résumé : Objectifs : L’objectif de ce travail est de sécuriser la prise en charge thérapeutique du patient dès son admission à l’hôpital en optimisant la réconciliation médicamenteuse à l’admission afin de gagner en efficience et en qualité. Dans le cadre de cette thèse, nous nous intéressons à la première étape de la réconciliation médicamenteuse, c’est-à-dire l’Anamnèse Médicamenteuse (AM). Le but des différents projets est de favoriser le développement de l’AM en :• Développant et implémentant une procédure de gestion des Traitements Médicamenteux Personnels (TMP).• Créant un document standardisé d’AM • Déléguant aux Assistants Pharmaceutico-Techniques (APT)/infirmiers la réalisation de l’AM après leur avoir fourni au préalable une formationMéthodes : L'évaluation de l’implémentation d’une procédure de gestion des TMP était basée sur une méthode mixte (qualitative et quantitative) utilisant le modèle RE-AIM (reach, effectiveness, adoption, implementation et maintenance). Chaque TMP a été analysé afin d'identifier la cause, les conséquences cliniques potentielles et la gravité des éventuels Drug Related Problems (DRP) (pré-implémentation et après 1 semaine, 3 mois et 1 an d’implémentation de la procédure). Trois mois après l’implémentation, des interviews avec les prestataires de soins ont permis d'explorer les obstacles, les facilitateurs de la procédure de gestion des TMP et les facteurs ayant un impact sur la maintenance du programme.La validation du document standardisé d’AM a été effectuée selon la méthode Delphi. La méthode Delphi est une approche itérative utilisée pour recueillir et consolider l'opinion d'un groupe d'experts sur un sujet spécifique afin d’obtenir un consensus. Pour le dernier projet, les APT/infirmiers ont suivi une formation d’une journée composé d’une partie théorique et d’une partie pratique encadrés par un pharmacien hospitalier clinicien. La formation théorique reprenait le contenu abordé dans le guide d’entretien (plus-value de l’AM, méthodologie pour réaliser l’AM, etc.). La formation pratique était répartie en trois étapes. Une première étape d’observation : les APT/infirmiers observaient le pharmacien hospitalier clinicien réaliser une AM. Une deuxième étape d’action : les APT/infirmiers réalisaient une AM et la troisième étape d’évaluation : les APT/infirmiers recevaient un feedback du pharmacien hospitalier clinicien à propos de l’AM réalisée. Le pharmacien hospitalier clinicien identifiait les divergences présentes entre l’AM des APT/infirmiers et la sienne. Chaque divergence identifiée était analysée selon leur type et les conséquences cliniques potentielles étaient évaluées par un binôme pharmacien clinicien-gériatre suivant l’algorithme REMED SFPC 2014. Résultats : Sur les 791 patients inclus, 60 % ont apporté leurs TMP à l’hôpital. Le développement et la mise en place d’une procédure de gestion des TMP réduit le nombre (p = 0.005) et la gravité des DRP (p = 0.008) après 1 semaine et 3 mois d’implémentation. La diminution du nombre et de la gravité des DRP après 1 an d’implémentation de la procédure n'était pas statistiquement significative (p = 0.074 ; p = 0.062 ; maintenance). Le deuxième projet de cette thèse fournit un document standardisé d’AM contenant 7 onglets et 20 items.Le dernier projet révèle qu'au moins une différence a été observée par le pharmacien hospitalier clinicien chez 90 % (9/10) des patients du groupe APT et chez 100 % (7/7) des patients du groupe infirmier. Cependant, aucune de ces divergences identifiées n'a entraîné de conséquence clinique majeure pour les patients.Conclusion : L’AM est le point de départ du processus de réconciliation médicamenteuse qui permet le partage des données et une communication du traitement médicamenteux entre prestataires de soins afin de garantir une continuité des soins optimale au bénéfice du patient. Le temps et les ressources humaines limités sont les principaux freins à la généralisation de l’AM par le pharmacien hospitalier clinicien pourtant rendue obligatoire par l’Arrêté Royal (AR) du 30 septembre 2020. La mise en place d’une procédure de gestion des TMP présente l’avantage de réduire le nombre et la gravité des erreurs médicamenteuses (EM), d’améliorer la qualité et la précision de l’AM et de diminuer le temps nécessaire pour réaliser celle-ci [1–4]. La mise en œuvre restera très complexe sans un élargissement du financement du cursus universitaire des pharmaciens hospitaliers, une évolution des programmes de formation des APT vers un niveau de bachelier, ou la mise en place d’une formation adaptée des APT en utilisant un document standardisé d’AM au sein des hôpitaux. L’AM sécurise la prise en charge thérapeutique du patient et améliore la qualité des soins [5–8]. Cette thèse s'inscrit dans une démarche globale visant à amélioration la qualité et la sécurité des soins ainsi que la gestion des risques, et nécessite l'implication de tous les professionnels de santé.