Résumé : On distingue typiquement les présuppositions des assertions sur base de la théorie de Stalnaker (2002) concernant le terrain commun conversationnel. Les présuppositions sont typiquement données dans la conversation, contrairement aux assertions qui constituent des nouvelles informations. Mais les déclencheurs de présuppositions peuvent aussi être utilisées pour introduire des nouvelles informations. Plusieurs études montrent que de telles présuppositions dites informatives peuvent avoir une influence considérable sur la mémoire et les croyances, mais des comparaisons systématiques n’avaient jusqu’à présent jamais été faites. Nous avons examiné la question dans une série de trois études. La première présentait aux participant-e-s une histoire courte dans laquelle étaient variées les manières de présenter les informations. Des informations ciblées étaient présupposées, assertées, présentées dans une implicature de pertinence ou dans une implicature conventionnelle. Après la lecture, les participant-e-s répondaient à des questions de reconnaissance (Exp. 1.1 & 1.2) ou à des questions de reconnaissances verbatim (Exp. 1.3). Il n’y avait pas de différence significative entre les manières de présenter l’information en termes de mémoire. Par la suite, nous avons prévenu les participant-e-s que certaines informations étaient fausses, marquées en rouge. Nous avons alors testé leur mémoire de reconnaissance (Exp. 1.4) et leur mémoire explicite pour la valeur de vérité de l’information (Exp. 1.5). Nous n’avons de nouveau pas trouvé de différence entre les formes. Dans l’Etude 2, nous avons utilisé le paradigme typique des études de désinformation. Les participant-e-s ont regardé une vidéo avant de lire une description de la vidéo dans laquelle étaient modifiés dix détails. Nous avons alors testé leur mémoire. Les souvenirs des participant-e-s étaient modifiés par la description erronée, quelle que soit la forme dans laquelle la désinformation était présentée. Notre troisième et dernière étude examinait un corpus de conversation en français. Nous avons recensé les utilisations informatives de trois déclencheurs de présupposition. Ces utilisations étaient très fréquentes. Nous concluons donc que même si les assertions, les présuppositions et les implicatures se distinguent par leur traitement cognitif, elles ne diffèrent pas en termes de leur résultats finaux sur le terrain commun conversationnel.