par Dikete Ekanga, Michel
Président du jury Moreno, Christophe
Promoteur Coppieters, Yves
Publication Non publié, 2023-12-04
Président du jury Moreno, Christophe
Promoteur Coppieters, Yves
Publication Non publié, 2023-12-04
Thèse de doctorat
Résumé : | La césarienne est une intervention chirurgicale visant à extraire un enfant de l’utérus maternel par incision de la paroi abdominale et utérine. La césarienne a pour but de protéger la santé de la mère des complications de l’accouchement (rupture utérine, fistules, problèmes périnéaux et incontinence sphinctérienne, hémorragie du post partum) ou de protéger l’état de santé de l’enfant (mort per partum, asphyxie, séquelles neurologiques).L’OMS a déclaré en 2015 suite à l’augmentation de taux de césarienne et ses conséquences en termes de morbidité et mortalité maternelle et périnatale dans le monde que « la priorité ne devrait pas être d’atteindre un taux spécifique mais de tout mettre en œuvre pour pratiquer une césarienne chez toutes les femmes qui en ont besoin ». Dans cette déclaration, l’OMS rappelle également que les taux de césarienne supérieurs à 10% ne sont pas associés à une réduction des taux de mortalité maternelle et néonatale et recommande un suivi des taux des césariennes au niveau des hôpitaux pour s’assurer d’une pratique optimale.En République Démocratique du Congo, le taux de césarienne reste encore faible (8% en 2012). Cependant, il n’existe pas de subvention des soins de santé par l’Etat et l’accès à cette intervention reste difficile pour les populations les plus démunies, la réalisation de la césarienne par les médecins généralistes, sages femmes et infirmiers dans les hôpitaux les plus reculés entraîne une augmentation constante de taux de césarienne et ses conséquences dans ces hôpitaux et il est difficile de savoir si toutes ces césariennes sont réellement utiles.L’objectif principal de notre thèse est de déterminer l’impact de la formation du personnel soignant dans l’amélioration de la santé maternelle et infantile en général, et en particulier, l’amélioration de la qualité de l’intervention césarienne au Nord-Kivu.Les études réalisées dans le cadre de ce travail sont des études transversales avec des données rétrospectives et prospectives pendant la période allant de 2011 à 2016 pour la revue systématique de la littérature et de 2016 à 2022 pour les études rétrospectives et prospectives. La population cibles est la population de l’ASS et du Nord-Kivu, les variables utilisées sont : les paramètres socio-démographiques, les antécédents médico-chirurgicaux, l’environnement obstétrical et l’issue de la mère et le nouveau-né. Les analyses statistiques uni et multivariées ont été réalisées. La valeur p < 0.05 a été considérée comme statistiquement significative.Dans un premier travail réalisé en 2019 sur la pratique de la césarienne en Afrique subsaharienne, une revue systématique de la littérature a été réalisée pendant la période allant de 2011 à 2016 selon les critères retenus (type d’étude sur la césarienne, la population cible, les complications post opératoires et l’issue maternelle et périnatale). Nous avons montré que le taux de césarienne variait de 2 à 51 % avec une moyenne de 19 %. La plupart de ces césariennes avaient plus des complications maternelles et périnatales comparées à l’accouchement par voie vaginale. Ce travail avait montré que le meilleur taux de césarienne est celui qui donne le meilleur résultat par rapport au bénéfice fœto-maternel. Dans la deuxième partie de cette thèse, nous avons montré l’impact de la formation du personnel soignant dans l’amélioration de la qualité de l’intervention césarienne au Nord-Kivu à travers plusieurs missions réalisées sur le terrain dans le cadre du projet PADISS et dans un contexte d’insécurité suite aux conflits armés dans cette région.L’étude a comparé deux populations : une étude rétrospective avant la formation du personnel soignant et une étude prospective après la formation. Cette formation continue a permis d’améliorer le suivi des patientes pendant les consultations prénatales (98%), la tenue du dossier médical (99%), les indications de césarienne(moins de dystocie 8%, mons de CS chez les primigestes 18%, moins de SF 10%, plus d’utérus multicicatriciel 42%), l’acte opératoire (incision pariétale plus transversale 56%, anesthésie loco-régionale dans 72%), le suivi post opératoire et néonatal dans 99%.La dernière étude réalisée à Rutshuru au Nord- Kivu dans la zone d’insécurité suite aux conflits armés a montré que l’insécurité a un impact négatif sur l’éducation, la profession, le niveau socio-économique de la population et la prise en charge de la femme enceinte. Cette étude a montré plus de complications maternelles après césarienne comparée à l’accouchement par voie basse. Dans cette étude, les femmes avec antécédent de césarienne contribuent à l’augmentation de taux de césarienne. A partir de ces résultats, nous encourageons une épreuve du travail d’accouchement pour les femmes avec antécédent de césarienne sans facteur de risque.Les résultats de cette thèse ont permis de proposer des recommandations (laformation doit contribuer à l’amélioration de la qualité de la CS et la dimution de la morbidité et mortalité maternelle et périnatale, les indications de CS doivent être améliorées, les autorités congolaises doivent s’intégrer à cette formation et éradiquer l’insécurité au Kivu) visant à améliorer la qualité de la césarienne et de réduire les césariennes sans raison médicale. Ces résultats devraient permettre de proposer des mesures efficaces pour accompagner les politiques de santé reproductives en RDC, et de lever des barrières géographiques et financières. |