Résumé : Notre sujet met en exergue le chemin particulièrement difficile de l’étudiante lors de la formation pratique. Entrainée dans la spirale des stages combinant à la fois le désir mêlé de stress d’être confrontée au terrain, la volonté de prendre soin de l’autre, la peur de l’évaluation, mais encore la trop fréquente réalité d’une mise à l’écart -voire d’un rejet- des équipes censées l’encadrer, la stagiaire infirmière se fragilise au fil de ses années d’études. L’apparition de la sexualité du patient dans le soin ajoute encore à sa vulnérabilité car elle touche, par-delà le contexte professionnel, sa sphère privée. Bien que la littérature aborde fréquemment le thème de la sexualité et du soin, les recherches ont montré qu’elle reste pauvre concernant cet aspect spécifique. Dans ce contexte, les soignantes ne disposent que de conseils hétéroclites les amenant à tenter sur le vif des solutions de fortune. Si les professionnelles expérimentées se sentent quelquefois démunies, les stagiaires le sont encore bien davantage.Notre communication propose une réflexion sur le rôle que pourrait jouer l’équipe encadrante dans cette situation. Nous voyons ce dernier comme la mise à disposition d’un éventail de ressources auxquelles la stagiaire serait en capacité de s’y référer. Celles-ci sont axées sur la formation, la réflexivité, l’invitation à la libération de la parole mais avant tout le partage d’expériences. Ce cas particulier n’a pas été choisi par hasard. D’une part, il souligne deux facettes de la profession auxquelles l’attention nécessaire n’est pas toujours portée alors qu’elles sont cruciales lors des stages. La première concerne l’intimité que crée le geste du soin. La toilette et a fortiori la toilette intime est l’un des actes les plus complexes à poser pour l’étudiante car elle la fait entrer dans l’intimité et souvent la sexualité du patient. La seconde est la notion de représentation de l’infirmière, souvent assimilée dans l’imaginaire collectif à une figure libérée, à forte charge érotique. Les stagiaires, par leur jeunesse et leur manque d’expérience, sont davantage sensibles à ces deux aspects de leur fonction.Notre sujet se veut aussi un angle de vue inhabituel pour ouvrir à une réflexion beaucoup plus large sur l’accompagnement des stagiaires infirmières. Celui-ci devrait porter toute l’attention sur la notion de vulnérabilité et les moyens engagés pour la réduire au maximum. En effet, elle est l’un des facteurs qui engendre la détresse des étudiantes et leur désillusion quant au « prendre soin », jusqu’à parfois se traduire par leur désengagement de la profession. Nous espérons que notre communication engage à explorer les moyens de limiter, tout au long du cursus, la tension entre désillusion et vocation et à mener cette dernière à l’emporter haut la main, haut les cœurs.