Résumé : Le traitement substitutif par insuline est indispensable à la survie des personnes avec un diabète de type 1. Cependant, l'hypoglycémie reste un effet indésirable relativement commun de l'insulinothérapie. Outre les impacts cognitifs et émotionnels immédiats de l'hypoglycémie aiguë, la perception altérée des hypoglycémies (PAH) est une conséquence de l'exposition répétée à l'hypoglycémie, qui comporte un risque élevé d'hypoglycémies sévères (HS).Le développement des nouvelles technologies en matière de gestion du diabète a permis une amélioration de la précision des capteurs de glucose, une augmentation de leur facilité d’utilisation et l'élargissement des remboursements, ce qui conduit, avec la volonté d’améliorer les résultats métaboliques, à une adoption croissante de la mesure de glucose en continu (MGC).Le but de ce travail est d’évaluer l’impact clinique de l’utilisation de ces technologies sur l’équilibre glycémique, l’altération de la perception des hypoglycémies et les hypoglycémies chez les jeunes présentant un diabète de type 1. Ces connaissances devraient nous permettre d’éduquer et de conseiller au mieux les familles dans la prise en charge du diabète de type 1 afin d’éviter les HS.Une première étude prospective observationnelle consiste en la description de l’utilisation du FreeStyle Libre (FSL) la première année de son remboursement en Belgique auprès de jeunes avec un diabète de type 1. Nous montrons que le FSL est relativement bien accepté dans notre population pédiatrique et que son utilisation diminue le risque d’HS après un an. Son utilisation est plus souvent interrompue chez les patients présentant des événements indésirables, comme des réactions cutanées ou des pertes précoces de capteurs, et un diabète de plus longue durée.Comme la PAH est étroitement liée au risque de présenter des HS, dans une deuxième étude observationnelle prospective, nous voulons connaître les trajectoires suivies au cours du temps par le statut de perception des hypoglycémies (SPH) dans cette même population de jeunes utilisant le FreeStyle Libre pour gérer le traitement de leur diabète de type 1. Nous y décrivons les 4 trajectoires d’évolution du SPH et montrons qu’une proportion significative d'enfants atteints de diabète de type 1 peut soit revenir à une perception normale de l’hypoglycémie (PNH), soit acquérir une PAH dans un laps de temps relativement court. Il y a beaucoup plus d’HS dans l'année qui suit le diagnostic de la PAH et, lorsque le patient revient à une PNH, le risque d’HS futures diminue. Les sujets ayant une trajectoire vers une PAH sont plus jeunes. Des évaluations fréquentes du SPH peuvent donc contribuer à améliorer la gestion du risque d'hypoglycémie chez les jeunes présentant un diabète de type 1. Puisque, malgré l’utilisation du FSL, nos patients peuvent encore présenter des hypoglycémies et une PAH, nous avons mené une troisième étude, contrôlée randomisée, pour comparer les avantages cliniques de la MGC en temps-réel (MGCtr) avec le FSL sans alarme de glucose sur l'hypoglycémie. Nous montrons la supériorité de la MGCtr sur le FSL en termes de protection contre les HS et, dans un sous-groupe de patients présentant un risque plus élevé d'hypoglycémies, nous montrons aussi une diminution du temps passé sous 70 mg/dL et de la variabilité glycémique. Nous en déduisons que les antécédents du patient doivent être pris en compte lors du choix de la méthode de surveillance de la glycémie car la MGCtr pourrait être plus efficace chez les jeunes patients présentant un risque élevé d’HS et compte tenu du coût plus élevé de l'utilisation de la MGCtr et du taux d'abandon élevé de cette technologie chez les jeunes individus atteints de diabète de type 1.Pour conclure, l'utilisation de la MGC révolutionne la manière de gérer le diabète de type 1 en améliorant non seulement le contrôle de la glycémie, mais aussi en réduisant les hypoglycémies, tout en permettant une gestion personnalisée du diabète. Les données de ce travail permettent d’aider les patients, leur famille et les professionnels de la santé à choisir la méthode de surveillance glycémique la plus adaptée.