Résumé : Au cours des 15 dernières années, les références au paysage se sont multipliées dans l’action publiqueurbaine bruxelloise à travers une diversité de projets et études importantes. Néanmoins, ce termerelativement flou n’y est pas défini de façon explicite et collective. C’est à cette montée en puissancedu paysage, à sa signification dans contexte urbain contemporain et à son insertion dans l’actionpublique régionale bruxelloise que cette thèse s’intéresse.Pour permettre de l’étudier, la thèse s’inscrit dans une approche constructiviste du paysage qui saisitcelui-ci non comme un donné naturel, mais comme une catégorie construite socialement etpolitiquement au fil du temps. Le cadre analytique de la sociologie de l’action publique permet quantà lui de saisir les processus et les jeux d’acteurs·ices – leurs coalitions et conflits, leurs réseaux etfigures intermédiaires - à l’oeuvre dans cette catégorisation du paysage.A partir d’une recherche empirique inductive, la thèse montre que le paysage est une catégorie d’actionpublique bruxelloise : elle reflète à la fois le contexte et les référentiels dominants de l’action publiquebruxelloise, les modèles urbains qui s’y imposent, ainsi que des contenus et approches qui émergent etse stabilisent au sein de réseaux (professionnels), par des acteurs·ices en capacité de les y imposer.L’analyse montre en particulier l’importance du rôle de certaines figures intermédiaires tels que lesmandataires d’études de prospective territoriale dans le processus de catégorisation du paysage.En ce qui concerne la signification du paysage, la thèse montre que ses contenus et les formes qui ensont valorisées évoluent au cours de la période étudiée, c’est-à-dire depuis que Bruxelles est devenueRégion en 1989 à nos jours. Durant cette période, si le paysage est toujours considéré comme un vecteurd’attractivité (résidentielle, ou internationale), son sens glisse progressivement de l’art urbain – del’embellissement des façades et des perspectives vers les monuments, de la continuité du tissu bâti –vers les infrastructures paysagères naturelles – les vallées, cours d’eau, les maillages verts et bleus – etla skyline métropolitaine. Il devient à la fois un outil de médiation et une nouvelle armature d’unemétropole durable dont le modèle est importé et construit au sein d’une série de dispositifs que nousétudions.Finalement, la thèse s’intéresse à ce que cette évolution fait sur le terrain de Tour & Taxis, la façon dontelle y nourrit les projets urbains et paysagers, mais aussi – de façon réciproque - la façon dont lesacteurs·ices s’en emparent et la (re)définissent depuis ce terrain. Cette analyse plus fine des acteurs·icespermet également de saisir des conceptions du paysage moins visibles ou valorisées dans le discoursdominant.
Over the past 15 years, there have been an increasing number of references made to landscape inimportant public projects and studies of the Brussels-Capital Region. However, the meaning of the termremains relatively vague, as a pre-established shared definition does not exist. This thesis aims toexplore the emergence of landscape, its contemporary meaning in an urban context, and its integrationinto Brussels' regional public policies.To enable its study, the thesis adopts a constructivist approach to landscape, which sees it not as anatural given, but as a category that is socially and politically constructed over time. The analyticalframework of the sociology of public action allows us to understand the processes and interactionsbetween stakeholders - their coalitions and conflicts, their networks, and intermediate figures - involvedin the categorization of landscape.Based on inductive empirical research, the thesis demonstrates that landscape is a category withinBrussels' public action : it reflects both the context and the dominant frameworks of Brussels’ publicaction, the urban models that are enforced, as well as the content and approaches that emerge andstabilize within (professional) networks by stakeholders capable of imposing them. In particular, theanalysis highlights the critical role played by certain intermediate figures, such as contractorsresponsible for prospective territorial studies, in the process of categorizing landscape.Regarding the meaning of landscape, the thesis reveals that its contents and its valued forms haveevolved over the studied period, i‧e. since Brussels became a Region in 1989 to the present day. Whilelandscape is still considered as a factor of attractiveness for residential or international purposes, itssignificance gradually shifts from urban art, - which emphasizes the embellishment of facades andperspectives towards monuments and the continuity of the built fabric - toward natural landscapeinfrastructure such as valleys, watercourses, green and blue meshes, and the metropolitan skyline. Ithas become both a tool for mediation and a new framework for a sustainable metropolis, whose modelis imported and constructed through a series of devices that we have studied.The thesis also examines, with the Tour & Taxis case study, how this evolution is manifested on thefield, and how it influences urban and landscape projects. Furthermore, the research explores howstakeholders take ownership and (re)define landscape on the field. This more detailed analysis alsoallows us to highlight and have a deeper understanding of some conceptions of landscape that are lessvisible or valued than the dominant discourse.