par Le Moign, Alix 
Président du jury Wasinski, Christophe
Promoteur Olsson, Christian
;Martinez, Luis ML
Publication Non publié, 2023-05-25

Président du jury Wasinski, Christophe

Promoteur Olsson, Christian

Publication Non publié, 2023-05-25
Thèse de doctorat
Résumé : | RÉSUMÉ : Le point de départ de cette recherche est un élément observé dans le conflit civil en Algérie durant la décennie 1990, ce que cette thèse appelle « l’incertitude » de la guerre. Il est désigné par-là une confusion, réelle ou apparente, entre les différents acteurs armés, une difficulté à appréhender l’affiliation des individus et des groupes prenant part à la guerre. Relèvent-ils de forces armées étatiques, de groupes irréguliers de l’opposition, d’entités auxiliaires ou paramilitaires ? Ici, ce qui pourrait apparaître comme un frein de la recherche (comment aborder ce qui est « incertain », ce à quoi l’on ne peut accéder ?) devient objet d’étude. Cette thèse repose sur la mise en dialogue d’un corpus de sources ouvertes avec la théorie des organisations armées et des conflits civils, le champ disciplinaire auquel se rattache cette étude. L’incertitude est considérée comme une ressource politique de la guerre et plus particulièrement comme le produit et le mode de fonctionnement d’un « système de guerre », entendu comme un ensemble d’acteurs armés interdépendants tirant des avantages matériels et politiques du conflit. Au système, il est adjoint le concept d’isomorphisme, comme un ensemble de mécanismes permettant de connecter les organisations entre elles et d’en accentuer les similitudes. Ainsi associés, le système de guerre et l’isomorphisme expliqueraient cette difficulté à distinguer les différents acteurs entre eux. Du point de vue théorique, cette thèse propose un approfondissement conceptuel. Le système de guerre est développé non plus seulement comme un outil d’économie politique de la guerre, littérature à laquelle il est emprunté, mais en s’intéressant à ses dimensions structurelles et opérationnelles. Cette thèse enrichit également le concept d’isomorphisme en en identifiant la capacité non plus seulement à faire « apparaître » les organisations, comme c’est le cas dans la théorie initiale, mais également à les « diluer » entre elles, à les rendre moins identifiables. Du point de vue analytique, cette thèse identifie une série de processus de production d’incertitude et propose des clés d’intelligibilité pour l’appréhension de nombre de conflits armés contemporains. Le cadrage systémique permet d’éviter une focalisation artificielle sur l’organisation armée considérée isolément de son environnement. Cela ne signifie pas que le rôle des acteurs individuels est minoré mais plutôt qu’il se voit replacé dans un ensemble inter-organisationnel ayant sa propre autonomie dans la guerre. L’argument systémique enjoint enfin à dépasser une vision binaire des conflits comme l’affrontement de deux « camps opposés » et à considérer plus finement les phénomènes d’interactions et les nombreuses porosités qui les structurent entre eux. |
ABSTRACT: The origin of this research is an element observed in the Algerian Civil War of the 1990s, designated in this thesis as the “uncertainty” of war. It refers to the real or perceived confusion between various armed actors and the difficulty in understanding the affiliation of individuals and groups participating in the conflict. Are they part of state armed forces, irregular opposition groups, auxiliary or paramilitary entities? What might appear as an obstacle to research (how can we approach what is “uncertain”, what cannot be accessed?) here becomes the object of study. This thesis is based on a dialogue of various open sources with the armed organizations and civil conflicts theory, the disciplinary field of this study. This thesis suggests considering “uncertainty” as a political resource of war, and more specifically as the product and mode of operation of a “war system”, understood as an ensemble of interdependent actors taking material and political advantage of the war. The concept of isomorphism is added to that of the war system as a group of mechanisms allowing armed organizations to be connected to each other and to exacerbate their similarities. Put together, both concepts of the war system and isomorphism can explain the difficulty in distinguishing the different actors from one another. From a theoretical perspective, this thesis proposes a conceptual progression. The war system is not only examined as a tool of the political economy of war, the theory from which it is borrowed, but is investigated in its structural and operational dimensions. The thesis also develops the concept of isomorphism by identifying its capacity not only to make organizations “appear”, as is the case in the initial theory, but also to “dilute” them, so they seem less visible. From an analytical point of view, the thesis identifies a series of processes that produce uncertainty and offers keys for comprehending many contemporary armed conflicts. The systemic framework avoids an artificial focus on considering the armed organization in isolation from its environment. This does not mean that the role of individual actors is diminished, but rather that it is situated in an inter-organizational whole that has its own autonomy in the war. Finally, the systemic argument goes beyond a binary vision of conflicts as the confrontation of two “opposing sides”, and more scrupulously considers the phenomena of interactions and the many permeabilities that structure them. |