Résumé : Les plantes médicinales ligneuses constituent l’un des principaux produits écosystémiques fournit par la forêt claire du Haut˗Katanga (R.D. Congo). La déforestation rapide dans cette région impacte négativement les superficies forestières et la disponibilité des plantes médicinales ligneuses. Dans le même temps, la demande en produits de ces espèces augmente avec la croissance démographique, car plus de 80% de la population utilise les plantes pour se soigner et plus de 90% utilisent le bois comme principale source d’énergie. Dans ce contexte, la domestication des plantes permettrait de réduire la pression sur les populations sauvages et de garantir l’approvisionnement. Cependant, la domestication de plantes peut se heurter à des multiples contraintes, notamment le manque d’informations relatives aux différentes techniques de propagation ; l’adaptation de plantes aux conditions ex-situ ; une forte plasticité phénotypique ainsi que les problèmes relatifs à la variabilité qualitative et quantitative de métabolites secondaires produits par les plantes en conditions ex-situ. Les espèces du genre Vitex (Lamiaceae) sont très connues pour leurs utilisations en médecine traditionnelle dans le traitement de différentes maladies (diabète, diarrhée, asthme, parasitoses gastro-intestinales, etc.). Cette étude, vise à : (i) optimiser les techniques de propagation de ces espèces ; (ii) tester l’effet de la fertilisation sur la survie et la croissance de plantes en champ ; (iii) tester l’effet de la culture sur la plasticité phénotypique et (iv) tester l’effet de la culture sur la variabilité de profil phytochimique.Les tests de germination ont été réalisés sur des graines ayant subies différents prétraitements de levée de dormance dans un dispositif factoriel. Le bouturage de racines et de tiges ainsi que le marcottage aérien ont été conduits suivant un dispositif en blocs randomisés. Les plantes produites en pépinière ont été transférées en plein champ suivant aussi un dispositif en blocs randomisés de 4 traitements de fertilisation. Deux ans après transplantation, les échantillons de feuilles ont été prélevés sur les plantes-filles en culture ainsi que sur leurs plantes-mères dans la nature pour des analyses des traits fonctionnels et minéraux foliaires et pour le profilage phytochimique. Les résultats obtenus montrent que, (i) les espèces du genre Vitex répondent de façon variée aux différentes techniques de propagation testées. Le bouturage de tiges s’apprête mal à toutes les espèces. V. doniana est plus apte au semis (graines scarifiées), au bouturage de racines et au marcottage aérien. V. fischeri répond mieux au marcottage aérien, le semis peut aussi être recommandé. V. madiensis préfère le bouturage de racines et le marcottage aérien, et V. mombassae est plus apte au semis (graines scarifiées récoltées à l’état vert) et au bouturage de racine. (ii) les plantes en champ ont montré, 26 mois après transplantation, de très forte capacité d’adaptation aux conditions ex-situ (plus de 90% du taux de survie) et une bonne croissance ; (iii) la plasticité phénotypique des plantes en culture est relativement faible ; (iv) les composés marqueurs sont maintenus tout au long de la culture, mais aussi la fertilisation influence positivement la production de métabolites d’intérêts.A ce stade de la recherche, une étape cruciale vers la domestication des Vitex du Haut-Katanga a été franchie. Les informations sur les associations agroforestières entre les Vitex et les cultures vivrières ainsi que sur la filière permettraient de rendre le procédé pleinement opérationnel.