Résumé : Porto-Novo, ville historique, se caractérise par une dynamique de transformation qui n’émane pas d’une planification établie réglementairement face à son ambition de confirmer son statut de capitale du Bénin. Ses patrimoines naturel et culturel participent à la formulation des projets par des acteurs politiques et religieux (communautés) dotés d’une volonté d’imprimer sur l’espace de la ville des actions pour le modeler, le favoriser de certaines caractéristiques. Il est observé que les imaginaires des projets d’aménagement sont partagés entre ville occidentale actuelle (influence stylistique) et ville patrimoniale dans une vision industrielle, créative et marchande. Dans cette logique de construction et de développement du territoire, les patrimoines tendent à perdre leurs valeurs. Ce nouveau contexte pose la question des enjeux, des formes et des logiques de préservation et valorisation de cette ressource au regard des dynamiques de transformation. La littérature disponible sur la ville ressort les contradictions de la politique de la ville entre vision patrimoniale, modernité et l’invite à réinterpréter ce qu’est la capitale. Ainsi, sur la base des réflexions menées et les questions soulevées, la recherche admet comme apport théorique et méthodologique d’aborder la ville en terme de paysage urbain historique en tenant aussi compte des logiques des acteurs et des controverses qui résultent des différents projets sur la ville. Le paysage urbain historique étant une approche qui allie le passé, le présent et le futur des villes face au développement rapide, souvent non maîtrisé qui les transforme ; il fournit des outils d’aide à la décision d’aménagement comme l’étude d’impact patrimonial (EIP). Alors, l’objectif de cette recherche est d’expérimenter le concept de paysage urbain historique sur quatre cas de dynamiques de transformation en rapport avec des espaces patrimoniaux, lieux de controverses en fonction de la localisation, des usages, des fonctions et de leur importance dans la vitalité urbaine, en interrogeant les images des projets, les discours officiels et ceux issus des enquêtes de terrain. L’analyse des différents cas d’étude, berge lagunaire nord, place Bayol/Tofa 1er, mosquée centrale et place Lokossa, a révélé d’une part qu’il faut tenir compte des réflexions à la fois sur le paysage (visuel et sensible) ainsi que les controverses avant la réalisation de tout projet d’aménagement et d’autre part, plusieurs sens de valeurs : contemplative (beauté naturelle et/ou esthétique ou artistique), environnementale, historique, socioculturelle (pratiques spirituelle, rituelle et religieuse) et économique auxquelles la population est attachée. La valeur économique devra être plus évaluée pour une meilleure reconnaissance de l’apport du patrimoine dans l’économie. Aussi est-il que la mise en avant de l’ensemble des valeurs et sens d’attachement du paysage permettra d’afficher plus clairement des orientations sur le territoire et de mieux les justifier dans les documents de planification.