Article révisé par les pairs
Résumé : Le fascisme est souvent décrit comme une « période noire » pour la « culture publicitaire » italienne. Pourtant, les activités publicitaires ont connu des développements importants sous le fascisme. Pour en saisir la portée, il faut toutefois dépasser le seul cadre commercial, car celui-ci ne représente qu’une partie limitée du terrain d’exercice du travail publicitaire. Cet article analyse l’émergence d’une « culture publicitaire » en Italie de la Grande Guerre au fascisme. Il interroge la manière dont cette culture se manifeste dans les écrits produits par les publicitaires et/ou destinés aux publicitaires (revues, annuaires, manuels). La perspective diachronique large et l’approche transversale, attentive aux transferts, permettent de cerner les contours d’une « culture publicitaire » internationale et polyvalente, dont les savoirs ont été mis au service de la dictature. Les publicitaires italiens se sont intéressés à la propagande dans le sens politique de l’expression. Ils ont essayé de légitimer leur profession en soulignant l’intérêt stratégique de leurs compétences. Ils ont collaboré à la promotion des « produits nationaux », de l’autarcie économique et de l’idéologie fasciste. Pour ce faire, ils ont mobilisé des connaissances théoriques et techniques aux frontières poreuses, entre propagande commerciale et publicité politique.