par Povoas, Ana
Référence Ce que la transition écologique fait à l’architecture, aux architectes et à la recherche (2022-05-19: Bruxelles)
Publication Non publié, 2022-05-19
Communication à un colloque
Résumé : Une des transformations paradigmatiques du champ de l’urbanisme contemporain, reflet des mutations tangibles observées dans nos sociétés dites développées, consiste dans le tournant environnemental, manifeste par la prise en main par un grand nombre d’acteurs de la nouvelle conscience écologique. Confrontant les logiques contradictoires de la temporalité accélérée de la consommation de ressources par l’activité humaine vis-à-vis la temporalité lente nécessaire au renouvellement biophysique des grands équilibres de la Nature, ce tournant introduit le futur plus que jamais comme une préoccupation du présent et renforce le volet prospectif des démarches d’aménagement spatial. Dans les champs de l’architecture et de l’urbanisme, ce tournant s’impose sous la forme de « référentiel de la durabilité » ou « urbanisme de la transition » et les différents outils, notions et politiques publiques thématiques qui leur sont associées (chacune avec ses interprétations multiples) : écoquartiers, ville résiliente, économie circulaire, bâtiments passifs, performance énergétique, plan de développement durable, nature en ville… Souvent vu comme une nouvelle norme que l’urgence climatique et les menaces pesant sur la biodiversité rendraient indiscutable, ce paradigme entre en tension avec le tournant démocratique et la dimension politique de l’urbanisme. Le tournant démocratique que nous observons dans les pays de l’Europe du Nord et de l’Ouest impose d’écouter les citoyens en tant que tels sur les objets politiques dont la ville est un cas exemplaire, puisqu’elle fait coexister un maximum de diversité et donc de potentielle divergence de valeurs, de préférences, de projets (Forester, 1999 ; Berger et Charles, 2014 ; Charles, 2016). Ce tournant reflète l’émergence des « petits acteurs » dans la production de l’urbain et rend compte du fait que l’habitat ne peut pas se faire à l’encontre des habitants, mais en répondant à leurs aspirations et en saisissant les dynamiques de production d’urbanité déjà engagées sur le terrain. Nous constatons ainsi une tension entre, d’une part, l’urgence et le fléchage de solutions inhérentes à la transition écologique et d’autre part, la lenteur de la l’ouverture à la discussion propres à la démocratie. Face au risque d’un retour aux origines de la planification territoriale et à la rationalité instrumentale du systems planning des années 1940-50 (Mannheim, 1940) – marquée par une approche positiviste, matérialiste et spatialiste de l’habiter — est-ce que c’est possible d’éviter une simplification excessive des attentes et des besoins des habitants, ainsi que le single mindeness des objectifs d’efficience environnementale, de croissance économique verte et de de bien-être des consommateurs, passés sans examen démocratique ?Partant du principe que la recherche croisant sciences sociales et urbanisme peut aider à trouver d’autres réponses au traitement de la tension identifiée entre transition écologique et démocratie, cette communication présentera la méthodologie du projet de recherche « Les espaces de l’espérance, par les habitants du bassin minier en devenir », développé par la chercheuse au sein de la Chaire Intelligence spatiale (UPHF) avec comme objectif de l’ouvrir à la critique constructive des collègues du groupe de contact FNRS.