Résumé : Les femmes infectées par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) sont plus à risque d’être infectées par le Papillomavirus Humain (HPV), et en conséquence de développer des lésions précancéreuses et un cancer invasif du col. Nous avons étudié la prise en charge des lésions précancéreuses du col utérin chez les femmes VIH + et l’avons comparée à celle des femmes VIH négatives. Nous avons mis en évidence que les taux de récidives après traitement chirurgical était plus élevé chez les femmes VIH + et surtout quand un traitement ablatif était utilisé. Par ailleurs, un mauvais contrôle de l’infection par VIH était associé à un plus haut taux d’échec de traitement. De plus, nous avons évalué la prévalence de l’infection par HPV en relation avec le mode d’acquisition du VIH (périnatal versus non périnatal). La prévalence d’infection par HPV était la même dans les deux groupes et nous avons observé une haute prévalence d’HPV haut risque autre que 16/18 parmi les deux groupes de femmes, ce qui soutient l’usage d’une vaccination par le vaccin HPV nonavalent chez toutes les femmes VIH+. Enfin, nous avons réalisé une étude recherchant l’HPV au sein de lésions précancéreuses de haut grade et de cancers du col invasifs chez 170 femmes VIH + généralement originaires d’Afrique mais vivant en Europe. Les génotypes les plus fréquemment détectés au sein des lésions précancéreuses de haut grade et des cancers invasifs étaient HPV 16 (30 %), HPV 35 (16%), HPV 58 (15%), HPV 31 (14%), and HPV 52 (12%). Les infections par multiples HPV étaient fréquentes et corrélées à un âge plus jeune, une immunité faible et une charge virale non contrôlée. Nous avons estimé que l’usage du vaccin nonavalent dans cette population pourrait prévenir jusqu’à 85 % des lésions précancéreuses et ajouter l’HPV 35 dans le panel vaccinal augmenterait l’efficacité vaccinale surtout chez les femmes originaires d’Afrique sub-saharienne. Une revue sur l’histoire naturelle d’infection par HPV chez les femmes VIH + a également été réalisée et a souligné l’importance d’un traitement antirétroviral efficace chez ces femmes, ainsi que celle de stratégies préventives comme la vaccination contre l’HPV, le dépistage du cancer du col et les traitements des lésions précancéreuses afin de réduire la prévalence du cancer du col. Nos résultats suggèrent l’adaptation des recommandations concernant les traitements de lésions précancéreuses : il y a lieu de préférer des méthodes d’excision plutôt qu’ablatives et d’adapter le suivi en fonction de la sévérité de l’infection VIH+. Par ailleurs, l’usage du vaccin nonavalent au sein de cette population doit être privilégié et ajouter une protection contre l’HPV 35 augmenterait l’efficacité vaccinale surtout chez les femmes originaire d’Afrique. Enfin, une prise en charge globale et multidisciplinaire des femmes VIH + est indispensable afin de réduire la morbi-mortalité inhérente à l’infection par HPV.