Résumé : La thèse a pour objet la construction de la sociologie francophone des mobilités et des transports à partir des années 2000. L’émergence récente de ce domaine scientifique a été l’occasion d’investiguer ses ressorts à travers des entretiens biographiques, dans une perspective de sociologie du travail scientifique. Ce monde étant restreint, beaucoup des acteurs au cœur de celui-ci ont ainsi pu être interrogés : chercheurs en sociologie, mais aussi financeurs et employeurs qui leur fournissent des moyens d’existence et ingénieurs des transports avec qui ils doivent cohabiter sur ce terrain. Cette démarche a par ailleurs été appuyée par différents résultats quantitatifs sur des données bibliométriques ou d’emploi. La thèse prend le parti que l’émergence d’un nouveau champ de recherche n’est pas « nécessitée » par des changements sociaux, mais qu’elle est à l’inverse le produit de l’entreprise scientifique de chercheurs particuliers qui tentent de convaincre de son intérêt : ils doivent en premier lieu trouver une manière de s’insérer dans un poste académique stable, mais aussi développer des réseaux scientifiques ou encore intéresser des financeurs. Le travail de recherche suit plus particulièrement deux chercheurs qui sont les fondateurs de cette sociologie des transports et des mobilités : Vincent Kaufmann et Bertrand Montulet. Le parcours du premier, devenu aujourd’hui une référence scientifique dans le domaine, est largement développé pour comprendre comment une telle position a été construite concomitamment à l’émergence du domaine d’expertise sur laquelle elle repose.