par Lannoy, Pierre
Référence Revue Belge d'histoire contemporaine, 51, 4, page (66-100), 4
Publication Publié, 2021-12-01
Article révisé par les pairs
Résumé : La présence sur le territoire belge de sépultures militaires italiennes datant de la Première Guerre mondiale renvoie à un épisode qui resta longtemps méconnu. Il est désormais établi que ces dépouilles sont en immense majorité celles de prisonniers de guerre, tombés aux mains de leurs ennemis lors de la bataille de Caporetto en octobre-novembre 1917. Le petit nombre de carrés militaires italiens existant actuellement en Belgique (neuf au total) empêche cependant d’imaginer la surprenante dispersion géographique de ces prisonniers durant les années de guerre. Afin de comprendre la formation, l’étendue et l’évolution de cette présence, nous suggérons de concevoir le séjour des prisonniers italiens en Belgique non pas uniquement comme leur détention en un certain nombre de lieux fixes mais comme un ensemble de circulations caractérisées, dont les formes varient dans le temps. Reposant sur une série de données et d’analyses inédites, l’article propose une chronologie détaillée des itinéraires suivis par ces détenus, une liste renouvelée des lieux où ils furent internés et des types de travaux auxquels ils furent astreints, ainsi qu’une description des trajectoires mémorielles dont ils furent l’objet. Chaque séquence de cette chronologie se présente en effet comme la configuration prise par un « régime de circulation » de ces prisonniers, se déployant selon des échelles géographiques et temporelles particulières. L’article avance également une estimation du nombre total d’Italiens exploités dans ces compagnies durant leur présence sur le territoire belge. En définitive, les éléments présentés ici permettent d’approcher une forme de captivité de guerre peu étudiée dans la littérature, et qui s’avère différente, par bien des aspects, du séjour prolongé dans un camp de masse.