par Tassi, Sara
Référence (2020: Marseille), L’Afrique en mouvement, en question, Actes du colloque de Les rencontres des Jeunes Chercheur.e.s en Etudes Africaines (JCEA)
Publication Publié, 2020-12-23
Publication dans des actes
Résumé : Récit d'une expérimentation méthodologique, cette contribution entend épaissir la réflexion autour du devenir des représentations et des cultes dédiés au dieu Gu/Gou/Ògún, ancienne divinité originairement liée au monde Yoruba. En questionnant la pertinence des catégories d'analyse qui, depuis les années 1900, ont initié ce dieu aux champs multiples de la pensée Occidentale (ethnographie, art, …), ces réflexions prennent forme autour : (i) d’un objet (la sculpture du dieu Gou par Akati Ekplékendo, datant du XIX siècle et exposé au musée quai Branly - Jacques Chirac) (ii) et d’un geste méthodologique : soumettre l’image de ce chef d’œuvre postcolonial à l’avis, aux interprétations, des expert·e·s de Gu (en langue gun et fon) habituellement peu sollicité·e·s : prêtre de Gu (gùklúnọ), grande tante paternelle responsable du culte des ancêtres (tánnyínọ), forgerons et femmes de Gukọmẹ quartier qui lui est dédié à Porto-Novo, dans le Sud-Bénin. Tout en étant temporellement et géographiquement située, cette expérimentation est à mon sens porteuse de questionnements qui débordent tant des frontières disciplinaires (historie de l’art, ethnographie, etc.) que de celles géopolitiques (le terrain béninois). Habiliter la parole de « spécialistes autres », composer avec une pluralité d’êtres aux modes d’existence divers (humains et non-humains), nous permet de donner corps à une nouvelle « écologie de la connaissance » ; une écologie peuplée et complexe. Autrement dit, un premier pas vers la décolonisation des savoirs.