Résumé : A partir de l’étude ethnopsychiatrique de dispositifs thérapeutiques propres à la culture occidentale et destinés à des personnes en situation de deuil difficile, nous proposons une analyse des modalités de transformation des relations entre vivants et morts. A l’aide d’entretiens de recherches menés avec des professionnels du monde médical et paramédical belge et français et avec des usagers de leurs dispositifs thérapeutiques, nous démontrons que le deuil peut être lu comme une transformation des relations entre vivants et morts constituée de deux processus conjoints. Le premier se présente comme une purification émotionnelle du lien affectif unissant le vivant et son proche décédé et va de pair avec l’instauration progressive du mort vers une forme idéale de lui-même. Le deuxième consiste à pérenniser dans le temps ce lien affectif purifié et idéal. Ce double mouvement fait appel à diverses visions typiquement occidentales des liens, des émotions et de la vie après la mort. Le concept d’Amour y est central et est mobilisé dans les dispositifs thérapeutiques par des récits, des actes, des symboles et des objets qui contribuent à la transformation des vivants, des morts et de leurs relations.