par Devroey, Jean-Pierre
Editeur scientifique Buchet, Luc;Rigeade, Catherine;Séguy, Isabelle;Signoli, Michel
Référence 9e Journées anthropologiques de Valbonne(22-24 mai 2007), Vers une anthropologie des catastrophes, Antibes, Editions APDCA, Paris, Institut national d’études démographiques, page (139-161)
Publication Publié, 2009
Publication dans des actes
Résumé : Le début du Moyen Âge est associé depuis Gibbon (1776) à l’idée de déclin et de catastrophe consécutives à la ‘chute’ de l’Empire romain. Alors que l’historiographie contemporaine a révisé cette image du Haut Moyen Âge comme un Dark Age, préférant employer le concept d’Antiquité tardive qui privilégie les idées de transition pacifique et de continuité, l’impact démographique des invasions germaniques et leurs conséquences ont été fortement relativisés. Parmi les historiens de l’économie, la vision d'ensemble des conditions de vie matérielle des populations médiévales est toutefois restée très sombre, à la suite des travaux de Georges Duby et de la première synthèse des données historiques et archéologiques par Fossier et Chapelot en 1980. Celle-ci a débouché sur une vision ‘catastrophiste’ de l’économie du Haut Moyen Âge. Ce pessimisme est lui-même combattu avec vigueur par des historiens comme Toubert et Verhulst qui plaident pour le concept d’une ‘longue croissance’ des économies médiévales occidentales débutant aux VIIe-VIIIe s. Ces deux approches n’écartent pas l’idée d’une profonde dépression de l’économie européenne touchant son nadir au VIe s. Grâce à une nouvelle génération d’historiens alliant leur discipline à l’archéologie et au renouvellement des données résultant de l’apport des techniques d’investigation scientifiques et de l’archéologie préventive, on dispose aujourd’hui de bases beaucoup plus solides pour évaluer les conséquences d’événements ‘catastrophiques’ du VIe s. comme les dégradations climatiques et les pandémies (Peste ‘justinienne’ et variole). L’Auteur conclut provisoirement à une montée de l’inculte en Europe occidentale à partir du 3e siècle, qui induit aussi une modification de la perception culturelle de la nature. Un nouvel équilibre entre l’homme et la nature est atteint pendant cette période, tirant parti de l'inculte. Cette rétractation des espaces cultivés aurait été de pair avec une décroissance démographique, point de départ d’une nouvelle phase d’expansion.
The beginning of the Middle Ages is associated since Gibbon (1776) with the idea of decline and of disaster consecutive to the 'fall' of the Roman Empire. While contemporary historiography revised this image of the Early Middle Ages as a "Dark Ag", preferring to use the concept of late Antiquity which privileges the ideas of peaceful transition and continuity, the demographic impact of the Germanic invasions and their consequences were strongly put in perspective. Among economic historians, the vision of the conditions of material life of the medieval populations however remained very dark, following the works of Georges Duby and the first synthesis of the historic and archaeological data by Fossier and Chapelot in 1980. This one resulted in a 'catastrophist' view of the economy of the Early Middle Ages. This pessimism is vigorously disputed itself by historians as Toubert and Verhulst who plead for the concept of a 'long growth ' of the Western medieval economy beginning in the 7th-8th centuries. These two approaches do not spread the idea of a profound depression of the European economy getting its nadir in the 6th century. Thanks to a historians' new generation allying their discipline in the archaeology and in the renewal of the data resulting from the contribution of the scientific techniques of investigation and preventive archaeology, we have much more solid bases today to estimate the consequences of 'catastrophic' events of 6th century as the climatic damages and the pandemics (the Justinian Plague and smallpox). The Author ends temporarily in a rise of the uncultivated in Western Europe from the 3rd century, which also leads a modification of the cultural perception of the Nature. A new balance between the man and the Nature is reached during this period, taking advantage of the uncultivated. This retraction of the cultivated spaces would have coincided with a demographic decrease, a point of departure for a new phase of expansion.