Résumé : La présente recherche s’intéresse à la notion d’espace public dans les villes d’origine précoloniale du Sud-Bénin.À partir d’un travail de terrain dans la région de Porto-Novo, elle se focalise sur la dimension concrète de cette notion. Elle interroge les formes spatiales qui y sont associées et la manière dont ces dernières se transforment en interaction avec des pratiques, des discours, des normes. L’hypothèse suggère que ces formes spatiales peuvent fonctionner comme des indices. Leur qualification permet d’investiguer les manières dont la notion d’espace public – forgée dans l'histoire des sciences sociales européennes – a été interprétée, digérée, détournée dans des contextes où les principes d’aménagements européens ne sont que partiellement opérants (quartiers d’origine précoloniale, lieux sacrés, ...). Concrètement, la recherche trouve son origine dans un constat : aujourd’hui à Porto-Novo, le terme espace public désigne des espaces aux statuts très divers, dont un grand nombre sont directement rattachés aux maisons familiales. Cette constatation nous a poussé à construire la thèse à partir de mouvements d’aller-retour entre l’intérieur et l’extérieur des maisons familiales. Dans ces mouvements, une attention particulière est accordée aux détails concrets. Ces derniers sont ici appréhendés comme des traces, des indices de la manière dont une pluralité d'êtres cohabitent dans un même espace. Chaque élément permet alors de faire émerger des rapports de continuité et de discontinuité autres que ceux suggérés par la proximité spatiale ; des rapports qui engagent à dépasser les limites conventionnelles du quartier, du tissu historique ainsi que de la ville administrative.Pour ce faire, la thèse s’appuie sur un travail situé de relevé et d’écoute en action. Ce qui implique une contamination entre les outils propres aux architectes et urbanistes (le dessin d’architecture, principalement) et ceux qui relèvent d’autres champs disciplinaires tels que la géographie, les sciences sociales, etc. C’est par le biais de cette contamination que la présente recherche tente de problématiser le concept moderne de ville et de rejouer les oppositions binaires qui l’accompagnent (public/privé, sacré/profane...).