Article révisé par les pairs
Résumé : Peut-on vraiment parler de « retours volontaires » dans un contexte de fermeture aux migrations irrégulières ? Partant d’une séquence particulière d’un terrain de recherche au Maroc, circonscrite au seuil de la mission de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Rabat, devant laquelle des « aventuriers » camerounais et guinéens s’étaient installés en attendant de se voir attribuer l’aide au retour proposée par l’agence, l’article interroge la dialectique de l’agencéité migrante et du retour volontaire en dehors des termes dichotomiques de la contrainte et de la volonté. Venus jusqu’à l’OIM pour « signer la déportation », les étrangers-migrants définissent des formes hétérogènes d’agencéité face aux contraintes de la procédure institutionnelle d’une part, et en faveur de leur retour d’autre part : usage de la vulnérabilité et de l’incertitude, protestations collectives, détournement symbolique du décor sécuritaire de l’éloignement. Au-delà de la contrainte et de la volonté, ce sont donc avant tout les modalités du retour – et en particulier sa temporalité – qui mobilisent les aventuriers aux prises avec une procédure de l’OIM.