Résumé : Les services climatiques, qui se comprennent comme des informations issues de la climatologie et fournies de telle manière qu’elles facilitent la prise de décision, sont présentés depuis une décennie environ comme un outil indispensable dans le cadre de l’adaptation au changement climatique. Cette thèse en sciences et gestion de l’environnement s’intéresse à cette notion récente que sont les services climatiques. Elle repose notamment sur un constat : si ces derniers sont promus en vertu d’un discours global qui affirme la nécessité de les mettre en place, leur utilité et leur effectivité est encore peu démontrée dans la littérature et les études de cas. Dans ce contexte, l’objectif principal poursuivi par la thèse est de comprendre si, et comment, les services climatiques participent véritablement à l’adaptation au changement climatique. Pour répondre à cette question, nous proposons une analyse originale multiniveau et multiacteurs des services climatiques, où nous les appréhendons dans leur diversité, leurs logiques de construction, leur cohérence et les effets qu’ils produisent sur leurs territoires d’implémentation. L’ambition de notre thèse est, de la sorte, de démontrer les connexions et interdépendances complexes entre les différents niveaux d’implémentation des services climatiques (global, national et local), et de montrer comment la façon dont ils sont construits à une échelle influence leur mise en oeuvre à une autre. Nos études de cas se concentrent sur un pays en développement (le Burkina Faso) et se penchent plus en profondeur sur le secteur de l’agriculture. Ce choix s’explique par l’importance de l’adaptation au changement climatique dans ce contexte spécifique, où les niveaux de vulnérabilité sont très élevés. Notre travail a permis de montrer l’existence de différents cadrages autour des services climatiques, qui traduisent différentes conceptions et compréhensions de la notion, notamment des tensions disciplinaires. Pour autant, un certain nombre de lieux communs partagés existent dans la littérature consacrée aux services climatiques, et expliquent leur consolidation en tant que nouveau champ épistémique, de même que leur succès apparent. Les logiques propres aux « mondes » du développement et de la recherche, où ils s’inscrivent pour les cas qui nous occupent, expliquent notamment pourquoi, outre l’intérêt conceptuel qu’ils génèrent, les services climatiques sont encore peu diffusés et utilisés au niveau des communautés identifiées d’utilisateurs, comme les agriculteurs ruraux dans les pays en développement. Ces mêmes logiques contribuent aussi à renforcer le paradoxe entre un discours global promouvant les services climatiques au nom du changement climatique, et une réalité où peu est encore connu sur leurs utilisations concrètes pour la mise en place de pratiques d’adaptation.