Résumé : L’eau douce des rivières est indispensable à la vie sur terre, elle constitue un habitat pour la faune et la flore ainsi qu’une ressource majeure d’eau potabilisable pour l’être humain. A travers le monde, les eaux de rivières sont le milieu récepteur de nombreux déchets qui dégradent leur qualité. En particulier, les rivières traversant les villes réceptionnent les eaux usées domestiques et industrielles, introduisant de grandes quantités de matière organique et de nutriment dans l’écosystème. Ces perturbations anthropiques augmentent avec la démographie urbaine. Dans ce contexte de détérioration grandissante des rivières urbaines, les communautés microbiennes jouent un rôle clé. En effet, elles minéralisent la matière organique et les nutriments introduits en masse dans le milieu, réalisant ainsi une auto-épuration des eaux de rivières. La compréhension du fonctionnement de ces communautés est dès lors un atout précieux à la préservation de ces écosystèmes que constituent les rivières.En raison de la grande complexité des interactions se déroulant au sein des communautés bactériennes naturelles, nous avons décidé de travailler avec une communauté ‘modèle’ constituée de souches ‘typiques’ isolées en rivière.Dans la première partie du travail de thèse, la performance de la communauté modèle et de ses souches la composant a été analysée face à plus de 190 sources de carbone différentes à l’aide de microplaques Biolog Phenotype Microarray. Nos résultats suggéraient fortement des interactions se déroulant entre les espèces formant notre communauté modèle. En effet, cette dernière présentait des propriétés métaboliques qui n’étaient présentes chez aucune des souches individuelles la composant. Par la suite, la performance catabolique de la communauté modèle fut comparée avec celle de la communauté naturelle à la station d’échantillonnage (Lembeek, Belgique). La communauté modèle présentait un comportement relativement similaire à la communauté naturelle, ce qui nous assure d’une bonne représentativité à l’égard de la consommation de sources de carbone.Ensuite, afin d’appréhender la dynamique de la communauté au cours du temps, nous avons étudié son évolution dans deux milieux caractérisés par des concentrations en carbone très différentes. Sur une période de 27 jours, un suivi de la diversité bactérienne a été réalisé. Les résultats de cette étude ont révélés des successions bactériennes différentes dans les deux milieux au sein desquelles la croissance de certaines souches semblait être améliorée en communauté en comparaison aux monocultures, suggérant l’existence d’un consortium de souche interdépendante dans la communauté.Ce travail de thèse a permis une meilleure compréhension de la dynamique et du fonctionnement des communautés bactériennes de rivières, grâce à une approche de laboratoire simplifiée par des conditions contrôlées, en s’affranchissant des variations des paramètres physico-chimiques à l’exception de la quantité et de la qualité des sources de carbone.