par Droixhe, Daniel
Référence Histoire des sciences médicales, 50, 4, page (477-486)
Publication Publié, 2016
Article révisé par les pairs
Résumé : Fourcroy (1755-1809) aborda principalement la question du « cancer », tel que celui-ci était compris au XVIIIe siècle, dans l’article « Anti-cancéreux » de l’Encyclopédie méthodique. Médecine, t. III, 1790. Il y divise les remèdes en « externes » et « internes ». Il distingue parmi les premiers les « cautères actuels » (parfois appelés « caustiques actuels » dans un autre article de Fourcroy) qui emploient le feu et les instruments chargés de porter celui-ci ou une forte chaleur sur les « glandes ou parties affectées du cancer ». On s’attache particulièrement à la moxa chinoise et à la technique de concentration des rayons du soleil mise au point par un certain « Lecomte, maître en Chirurgie à Arcueil ». On discute la notion de « virus » cancéreux dans la perspective d’un éveil du principe de métastase, notamment chez Le Dran et du point de vue d’un passage éventuel de la théorie humorale traditionnelle à une sorte de « solidisme localisateur ». Les remèdes « externes » se composent par ailleurs des « caustiques chimiques » dont les quatre principaux sont le nitrate de mercure, le muriate d’antimoine, la potasse caustique et le nitrate d’argent. Fourcroy mentionne trois types de « calmants » ou « stupéfiants » dont « on a recommandé l’application extérieure et qui ne sont propres qu’à apaiser les douleurs » : la « peau de cygne », la « laitue vireuse » et le carotte. Il traite ailleurs de l’opium. On retient, parmi les remèdes appliqués extérieurement et intérieurement, la ciguë, objet d’un autre article de Fourcroy paru dans la Méthodique. On signale le rapport unissant celui-ci à l’Apparatus medicaminum de Johan Andreas Murray (1776) et à la Praktische materia medica de Christoph Jakob Mellin (1778). D’autres remèdes internes sont cités, notamment d’après le docteur Anton Störck: l’aconit, le stramonium, l’arsenic, le mercure, etc. Mais tous ces prétendus ennemis de la maladie ont échoué, conclut Fourcroy : « Comment admettre, d’après cela, des anti-cancéreux ; il n’y a que le mot qui puisse flatter des malades de quelque espoir ; il faut des illusions à l’homme qui les accueille même dans les plus grands malheurs »[en] Fourcroy (1755-1809) first dealt with the question of « Cancer », as the word was understood during the XVIIIth century, in the article “Anti-cancéreux” of the l’Encyclopédie méthodique. Médecine, t. III, 1790. He divides the remedies between « external » and « internal ». He distinguishes among the firsts the « actual cauteries » (sometimes called « actual caustics” in another article by Fourcroy) which use fire and the instruments carrying the latter or a strong heat upon the “glands and the parts affected by cancer”. We particularly focus on the Chinese moxa and on the technic of concentration of sun’s rays established by some “Lecomte, surgeon in Arcueil ». We discuss the notion of cancerous “virus” in the prospect of an awakening of the principle of metastasis, notably in Le Dran and from the point if view of a possible crossing from the traditional humoral theory to a sort of “localizer-solidism”. The “external” remedies also consist of “chemical caustics” (nitrate of mercury, muriate of antominy, caustic potassium, nitrate of silver, etc.). Fourcroy mentions three types of “painkillers” or “ narcotic” whose “external applying has been recommended”, but “which are only likely to soothe the pains”: the “swam-skin” (?) , the virous lettuce and the carrot. He deals elsewhere with opium. We distinguish, among the remedies applied externally and internally the hemlock, to which Fourcroy will devote another article in the Méthodique. We point the relationship linking this article to Johan Andreas Murray’s Apparatus medicaminum (1776) and to Christoph Jakob Mellin’s Praktische materia medica (1778). Other internal remedies are quoted, especially from the famous Anton Störck: the aconite, the datura stramonium, the arsenic, the mercury, etc. But all those enemies of the disease have failed, Fourcroy concludes: “How could we admit, after those facts, that exist some anti-cancerous remedies; it is just a word that can give to the ill persons some hope; man needs illusions, even in the greatest misfortune”.