Thèse de doctorat
Résumé : Les Jeunes Entreprises Technologiques (JET) ont des besoins financiers importants aux premiers stades tandis que la plupart des marchés des capitaux entrepreneuriaux restent moins développés en Europe qu’aux Etats-Unis. Cette situation conduit les pouvoirs publics à créer des dispositifs financiers, dont des subsides, pour soutenir ces JET. Selon la Public Sponsorship Theory, ces subsides devraient soulager le contrainte de financement qui pèse sur les JET et ainsi leur permettre de poursuivre leur développement jusqu’à attirer des investisseurs ou vivre de leurs ventes. Pour autant, l’évaluation empirique de ces subsides a produit des résultats critiques. Cette thèse étudie ces critiques à Bruxelles, un environnement européen interventionniste typique, en répondant à la question « Pourquoi les Jeunes Entreprises Technologiques font elles appel aux subsid¬¬es et comment ceux-ci affectent-ils leur développement?».Cette thèse est constituée d’articles de recherche réalisés à l’aide de stratégies qualitatives supportées par des études de cas. Le Chapitre 2 présente les études de cas de 10 JET et répond aux questions : « Comment les JET se financent-elles aux premiers stades ? » et « Quel est le rôle des aides publiques dans ces stratégies de financement ? ». Il décrit un écosystème bruxellois où les JET parviennent à se financer mais où les subsides sont particulièrement présents à tous les stades. Le Chapitre 3 étudie la construction et la succession des tours de table au sein de 8 JET sur une période de trois ans après leur création. En particulier, il répond aux questions : « Les subsides répondent-ils à des contraintes de financement liées à un manque d’offre de fonds ? », « Pourquoi les JET font-elles appel aux subsides ? » et « Les subsides signalent-ils les JET aux investisseurs ? ». Il souligne que l’opportunisme et la volonté d’éviter la dilution sont des motifs fréquents pour demander des subsides. Il met aussi en lumière que ces derniers sont fréquemment alloués selon une stratégie de type « picking the winners » où les meilleurs JET, aussi les plus indépendantes, reçoivent le plus d’aides publiques. Finalement, le Chapitre 4 adopte une perspective centrée sur les ressources et étudie le rôle des subsides au sein de configurations de ressources humaines, sociales et financières. Nous avons utilisé la Qualitative Comparative Analysis, en progression dans la recherche sur l’entrepreneuriat, sur un échantillon de 31 JET ICT afin de répondre aux questions suivantes : « Quelles sont les configurations de ressources qui conduisent à la croissance des ventes des JET ? », « Quelles sont les configurations de ressources qui permettent aux JET d’attirer des investisseurs ? » et « Comment les subsides contribuent-ils à ces configurations ? ». Au terme de cette analyse, nous présentons une taxonomie de cinq types de JET basée sur leur mix de ressources à la création. Ces types soulignent le rôle central du capital humain dans la croissance des ventes et l’attraction d’investisseurs, et ce, tandis que les subsides jouent un rôle secondaire.Ces résultats offrent une réponse à notre question de recherche. En ce qui concerne les raisons d’utiliser les subsides, l’absence d’alternative due à des contraintes de financements est rare, et ce, tandis que la majorité des demandes sont guidées par l’opportunisme et/ou la volonté d’éviter ou limiter la dilution. En ce qui concerne l’impact de ces subsides, leur rôle apparaît secondaire dans le développement commercial et financier des JET.Finalement, ces conclusions permettent de formuler des recommandations à destination des praticiens. Aux décideurs politiques, nous conseillons de revoir les modalités d’attribution des subsides pour les limiter aux équipes dotées d’un capital humain fort. De plus, nous suggérons d’encourager les initiatives destinées à renforcer la complémentarité des équipes entrepreneuriales et les aider à s’insérer dans des réseaux d’affaires. Aux entrepreneurs, nous recommandons de prêter une attention particulière à la complémentarité de leurs équipes, et ce, tant sur les plans techniques que commerciaux.
New Technology-Based Firms (NTBF) have high financial needs at early stage while most European entrepreneurial equity markets remain less developed than in the United States. This threatens their development and the expected loss of regional spillovers pushes policy makers to create financial schemes such as grants to support them. According to Public Sponsorship Theory, grants should offer NTBF a relief from funding constraints and enable them to continue their development until they get support of investors or their sales allow self-financing. However, empirical evaluation of the relevance and impact of grants has been mostly critical. This PhD investigates these criticisms in Brussels, a typical western European interventionist region, by answering the question “Why do New Technology-Based Firms use grants and how do they affect their development?”.Our PhD is made of three empirical research papers carried out following qualitative research strategies resting on multiple case studies. Chapter 2 presents case studies of 10 NTBF to answer the questions: “How do NTBF finance themselves at early stages?” and “What is the role of public aids in these financing strategies?”. It describes a Brussels ecosystem in which NTBF manage to finance themselves but where grants are particularly present at every stage. Chapter 3 studies the design and succession of financing rounds within 8 NTBF over three years after incorporation. In particular, we answer the questions: “Are grants to NTBF answering to supply-sided financing constraints?”, “Why do NTBF apply for grants?” and “Are grants signalling NTBF to investors?”. It highlights that opportunism and the avoidance of dilution are common motives for grants applications and that these are regularly allocated following a “picking the winners’ strategy. Finally, Chapter 4 adopts a resource-based perspective by studying the role of grants within resource configurations of human, social and financial capital. Based on a sample of 31 ICT NTBF, we used Qualitative Comparative Analysis, an approach still in its infancy in entrepreneurship research, to answer the following questions: “What are the resource configurations that lead to the sales growth of NTBF?”, “What are the resource configurations that lead NTBF attract equity?” and “How do grants contribute to these configurations?”. At the end of the analysis, we present a five type’s taxonomy of NTBF based on their resource mixes at incorporation. These types underscore the central role of human capital in achieving sales growth and attracting equity as well as the secondary role of grants.Results of Chapter 2, 3 and 4 allow answering our main research question. Regarding the reasons for using grants, the absence of alternative due to supply-sided constraints is rare while the overwhelming majority of requests are guided by opportunism and/or the desire to avoid or limit dilution. Regarding the impact of grants, their role appears secondary in both the commercial and financial development of NTBF.Finally, these findings lead to recommendations to practitioners. To policy makers, we advise rethinking the modalities of grants and limit their availability to teams with strong human capital. Additionally, we suggest to spur initiatives to help entrepreneurial teams strengthening their complementarity and inserting themselves within business networks. To entrepreneurs, we recommend to pay particular attention to the complementarity of their founding team on both the technical and commercial axes.