Résumé : La première partie de la recherche s’attelle à montrer l’aspect fondamental du groupe, de la groupalité psychique et du processus filiatif dans les enjeux interactifs parents-bébé. Après avoir exposé l’histoire et le fonctionnement des unité-mère-bébé, nous étudions en quoi la littérature sur les interactions mère-bébé et la souffrance du bébé ne permet d’éclairer que partiellement les troubles relationnels précoces. Ceci nous a conduit à analyser le tissage des liens filiatifs et affiliatifs chez dix femmes hospitalisées en unité mère-bébé, parents-bébé avec leur bébé âgés de deux à huit mois à partir d’entretiens et de génogrammes. Si certaines femmes manifestent des besoins nourriciers les aliénant à leur groupe familial d’origine et les empêchant d’entrer dans un rapport filiatif à la société, d’autres assument une dépendance fondamentale au groupe. Ces dernières activent le travail de création d’une matrice de soutien en tentant d’élargir leur réseau affiliatif tout en démontrant, elles aussi, des achoppements dans l’établissement d’une filiation psychique pour elle et leur bébé. Dans un second temps, nous appuyant sur des observations directes mère-bébé, nous constatons que les bébés de mères hautement dépendantes elles-mêmes sur le plan nourricier démontrent davantage de signes de souffrance que les autres. Enfin, si cette recherche contribue à confirmer la nécessité de soigner la vitalité de ces bébés en souffrance, elle démontre la nécessité d’une prise en charge spécifique de ces femmes, si possible avec leur famille, centrée sur une réaffiliation groupale.