par Moogin, Typhaine
Référence journée d’études doctorales “Faire œuvre d’architecte : signature, auctorialité, statut” (2016-02-05: Lyon, Université Lumière Lyon 2/LARHRA UMR 5190)
Publication Non publié, 2016-02-05
Communication à un colloque
Résumé : Avec pour terrain d’étude les prix d’architecture organisés en Belgique entre 1970 et 1990, la communication entend éclairer la manière dont ces dispositifs de médiation (Hennion, 2000) participent à la définition de l’identité de l’architecte à l’aune de ses compétences et de sa place dans le milieu de la construction. Honneurs publics, les prix sont des épreuves de grandeur (Heinich, 1999) où un individu est reconnu selon le mérite de ses actions. Par ce rapport dialectique entre sujet méritant et objet du mérite, ce dispositif possède des implications identitaires renvoyant à l’identité individuelle des sujets et objets consacrés, mais aussi à l’identité collective du domaine (artistique, scientifique, etc.) qui se reconnaît à travers eux (English, 2005). En architecture, cette double identité se cristallise généralement par la reconnaissance du lien unissant l’architecte et l’œuvre architecturale dont il est l’auteur. C’est ainsi qu’en Belgique, au cours de la première moitié du XXe siècle, les prix ont contribué à la défense de ce corps professionnel. Leur mise en scène de la figure auctoriale (Ducas, 2000) de l’architecte contribuait à circonscrire les compétences propres à son activité, tout en faisant du projet la prérogative de cette profession. Or, entre 1970 et 1990, on observe au sein des prix une transformation des récipiendaires, conduisant à une désarticulation de la dialectique architecte/œuvre. Le premier sera reconnu pour d’autres compétences que la conception du projet (recherche, engagement politique, etc.). Symétriquement, la paternité de la seconde sera attribuée à d’autres acteurs de la construction (entrepreneurs, ingénieurs, maitres de l’ouvrage etc.). Se focalisant sur ces vingt années, la présente contribution vise à analyser les effets des changements que manifestent les prix à l’égard de leurs récipiendaires sur la définition de l’identité de l’architecte. Seront analysées les conditions d’émergence de ces changements (nouveaux organisateurs, protection du titre, etc.), les logiques et référentiels axiologiques qui leurs sont sous-jacents (liés aux débats architecturaux de la période) ainsi que leurs conséquences sur la figure de l’architecte ainsi dessinée. Nous verrons notamment comment, par la redéfinition de ses compétences, l’architecte sera évalué moins dans sa capacité à créer une œuvre architecturale qu’à faire acte architectural. Par ailleurs, nous verrons en quoi, par le partage de la fonction auctoriale, l’œuvre architecturale sera vue comme le fruit d’une collaboration égale des acteurs de la construction, réévaluant la place de l’architecte dans ce milieu. Il nous sera alors possible de souligner qu’au cours de cette période, ce sont in fine les modalités de représentation de l’architecture par les prix qui ont été profondément modifiées, la défense de cette discipline ne se résumant désormais plus à la seule défense de la profession s’en réclamant.