par Devroey, Jean-Pierre
Référence Revue belge de numismatique et de sigillographie, 161, page (177-232)
Publication Publié, 2015
Article révisé par les pairs
Résumé : L'article croise les informations des capitulaires carolingiens avec les données numismatique entre 750 et 877 afin de définir la politique monétaire des empereurs carolingiens et de mesurer l'effectivité des textes et leur matérialisation dans la frappe, la circulation et l'usage de la monnaie. L'étude des prix et de la circulation monétaire permet de mesurer la monétisation de l'économie. La politique monétaire se traduit par un contrôle étroit du pouvoir durant les décennies 750-870, formulant une politique monétaire qui vise à garantir l’uniformité et l’acceptation de denier. L’emploi généralisé de la monnaie publique comme étalon de valeur et comme moyen de fixation des prix constitue un élément important de la monétisation: Des régions à faible émission et circulation des deniers (Saxe) sont soumises à la fixation des prix. On y fait également régulièrement référence au denier dans des transactions foncières ou pour fixer la valeur d’une redevance (Saxe, Italie).La monnaie constitue une réserve de valeur bien adaptée pour les marchands aux impératifs de transportabilité et de libéralité (achat de récoltes aux paysans, vente de produits de prix moyens) et pour les paysans dépendants dans le cadre de leurs rapports avec les élites. L’argument de la transportabilité vaut également pour les élites foncières, comme le montrent les instructions du capitulaire de villis (780/800: domaines de la cour) et des statuts de Corbie (822: grands domaines d’abbaye) qui invitent les intendants à vendre les surplus agricoles sur place, pour verser le produit en monnaie.L'époque carolingienne se caractérise par une masse monétaire relativement peu importante (vs. Antiquité ou Moyen Âge à partir du XIe) , circulant rapidement, dans des « circuits courts » fortement médiatisés par les élites dans leurs relations avec les paysans dépendants.