Résumé : La présente thèse s’inscrit dans une approche socio-écologique du bien-être des enfants. Ceux-ci sont appréhendés comme acteurs sociaux inscrits dans un système d’interactions complexes, construites au cours du temps, avec un environnement physique et social, fait de multiples couches perméables. Notre travail se situe donc dans une approche systémique, où la composante écologique du modèle d’Urie Bronfenbrenner sert de « cadre à penser », de toile de fond de nos réflexions. Par ailleurs, l’analyse des phénomènes considérés s’effectue en regard de ses implications en termes d’inégalités sociales pour les enfants, tenant compte de leurs parcours de vie. Nous nous référons ici aux travaux de la sociologie de l’enfance ainsi qu’au cadre des travaux menés sur les déterminants sociaux de la santé. La thèse a plus précisément pour objet l’analyse des institutions socio-éducatives et de loisir auxquelles les jeunes enfants de deux à huit ans sont confrontés, à savoir l’école et les services extrascolaires. Elles sont investiguées comme partie prenante de l’équation « bien-être » des jeunes enfants, au travers de leurs contributions potentielles à des environnements communautaires réceptifs.L’analyse du bien-être des jeunes enfants est poursuivie sous deux angles : une approche théorique et une approche empirique.La première partie de la thèse est consacrée à l’approfondissement de la notion et des mesures de bien-être chez les jeunes enfants, au sein de la littérature scientifique. L’objectif poursuivi est de problématiser la notion au travers d’une analyse critique de ce matériau scientifique – tenant compte de la mobilisation croissante et diffuse de cette notion dans les divers champs de recherche portant sur l’enfance.La seconde partie de la thèse est consacrée à l’étude des facteurs de bien-être chez les enfants de deux à huit ans, dans la complexité de leurs environnements et parcours de vie, en accordant une attention particulière au cadre institutionnel. Cette investigation a pour terrain la Région de Bruxelles-Capitale.La thèse fait appel à deux dispositifs méthodologiques distincts pour répondre à nos objectifs de recherche: une revue de la littérature scientifique d’une part, et la réalisation d’une enquête qualitative d’autre part.Vu l’absence de consensus scientifique sur une définition du bien-être chez les enfants, la tâche première a consisté à identifier les divers enjeux épistémologiques pendants. Ce travail vise à identifier les similitudes et différences entre les auteurs mobilisant la notion et à problématiser la diversité du recours à cette notion, qualifiée par certains de « fourre-tout », en la repositionnant par rapport aux sous-champs scientifiques y recourant. A cette suite, la seconde tâche a consisté à lier les résultats de cette première analyse à celle des mesures de bien-être et ce faisant, à considérer l’étendue et la qualité de l’offre de mesures proposées.Pour l’enquête qualitative, une collecte de données est opérée au travers d’entretiens individuels semi-directifs approfondis, auprès de deux groupes de répondants : des parents et des professionnels du secteur scolaire. L’élaboration de l’échantillon s’est opérée sur une base géographique, à l’échelle des quartiers; ceux-ci étant définis sur une base objective, correspond à la réunion de 2 à 4 secteurs statistiques (IBSA). L’enquête a porté sur quatre zones distinctes de la Région de Bruxelles-Capitale, sélectionnées sur la base de trois critères contextuels : la proportion d’enfants dans la population ; le niveau de revenus moyen ; et la disponibilité d’espaces verts. L’analyse du matériau issu des entretiens individuels a procédé d’une approche inductive. Deux questions distinctes ont ainsi été isolées et traitées dans la thèse : l’entrée à l’école maternelle et le recours aux services d’accueil extrascolaire.