
Président du jury Bergmann, Pierre

Promoteur Corvilain, Bernard


Publication Non publié, 2012-06-20
Résumé : | Le but de la première partie de ce travail était de mieux comprendre la tumorigenèse thyroïdienne à partir de modèles murins transgéniques développant des tumeurs de la thyroïde. Nous avons ainsi analysé par microarrays l’expression génique au sein de thyroïdes de souris Tg-RP3 exprimant le réarrangement RET/PTC3, responsable de cancers papillaires de la thyroïde chez l’homme (PTC), et de souris Tg-E7 exprimant l’oncogène E7, responsable de cancers du col de l’utérus chez la femme. Ces deux gènes étaient exprimés exclusivement dans la thyroïde grâce à un promoteur thyroglobuline. Nous avons comparé les profils d’expression entre les différents génotypes (sauvages, Tg-RP3 et Tg- E7) mais également entre différents âges (2, 6 et 10 mois). Sur le plan histologique, les souris Tg-E7 développaient d’énormes goitres avec une dysplasie de plus en plus marquée, mais n’ont pas démontré de réelles lésions de carcinomes aux différents âges étudiés. Les thyroïdes de souris Tg-RP3 démontraient quand à elle une prolifération cellulaire et une croissance plus modérées, mais des remaniements tissulaires plus importants, présents dès 2 mois, avec apparition de lésions de carcinome chez de nombreux animaux essentiellement à 6 et 10 mois. Les résultats de l’analyse de l’expression génique par microarrays rejoignaient ces observations histologiques. Dans les thyroïdes E7, ce sont essentiellement les gènes impliqués dans le cycle cellulaire qui ont démontré une surexpression significative. Dans les thyroïdes RP3, les processus cellulaires les mieux représentés par les gènes surexprimés étaient déjà décrits comme des processus ayant un rôle important dans la tumorigenèse thyroïdienne humaine : l’inflammation, le remodelage du milieu extracellulaire et l’angiogenèse. De plus, plusieurs gènes classiquement surexprimés dans les PTC humains, l’étaient également dans les thyroïdes RP3. Parmi ceux-ci le récepteur de la vitamine D (VDR) et la 1-alpha-hydroxylase (CYP27B1), responsable de la conversion de la 25-hydroxyvitamine D3 en 1,25-dihydroxyvitamine D3, ont particulièrement retenu notre attention étant donné une littérature croissante sur les effets antiprolifératifs et immuno-modulateurs de la 1,25-dihydroxyvitamine D3 (calcitriol). Nous avons donc étudié dans la deuxième partie de notre travail les effets anti-prolifératifs et transcripionnels du calitriol sur plusieurs modèles thyroïdiens in vitro et in vivo. Si nous n’avons pu démontrer d’effets concluants sur des lignées de cancers thyroïdiens humains, nous avons par contre démontré un effet anti-prolifératif, le plus souvent dose-réponse, du calcitriol sur des cultures primaires de thyroïdes de souris sauvages, Tg-RP3, Tg-E7 et humaines. Seule la 24-hydroxylase, intervenant dans l’inactivation de la vitamine D, et le récepteur à la TSH ont démontré une surexpression significative en présence de calcitriol par RTQ-PCR. Une étude d’expression génique par microarrays sur des cultures primaires de thyroïdes RP3 et humaines traitées par éthanol (contrôle) ou calcitriol a permis de mettre en évidence 3 gènes significativement régulés dans le même sens, en l’occurrence sous-exprimés, en présence de calcitriol : la nébulette, la thymopoïétine et la cycline E2. Le rôle exact joué par ces trois protéines dans l’effet anti-prolifératif observé reste à déterminer. Les études in vivo de carence alimentaire en vitamine D de souris Tg-RP3 n’ont pas démontré de différences significatives entre le groupe carencé et non carencé que ce soit en termes de croissance glandulaire ou d’expression génique, après 2 ou 6 mois de carence. Seule la 1-alpha-hydroxylase est apparue significativement surexprimée après 2 mois, surexpression disparaissant après 6 mois. Cette régulation pourrait témoigner d’un mécanisme d’adaptation de la thyroïde qui tente de contrer la carence en vitamine D circulante en augmentant la concentration locale de vitamine D active. Ce phénomène disparaissant à 6 mois, il serait intéressant de prolonger la carence au-delà de 6 mois pour assurer une réelle carence locale en 1,25- dihydroxyvitamin D3. Nous avons ensuite traité des souris Tg-RP3 puis Tg-E7 par des doses variables de CD578, un analogue « non calcimimétique » du calcitriol. Il est apparu que la dose ayant un effet significatif au niveau transcriptionnel (surexpression de la 24-hydroxylase) était également la dose la plus toxique, entrainant une hypercalcémie parfois létale. Le protocole principal a du être écourté en raison d’un excès de mortalité. Le petit nombre d’animaux ayant survécu ne nous a pas permis de conclure à une différence d’expression significative du Ki67 dans les thyroïdes de souris traitées par CD578 par rapport aux souris contrôles. De nouvelles expériences devront donc être réalisées aux doses les moins toxiques, administrées sur une plus longue période et sur un plus grand nombre d’animaux, afin d’augmenter la probabilité d’observer un effet sur la prolifération, voire la différenciation tissulaire. |