Résumé : La Communauté française décide en concertation avec la Région bruxelloise et la Région wallonne, de financer un Centre d’Epidémiologie Périnatale (CEpiP). Les Communautés et Régions chargent le CEpiP de les assister dans la vérification, le remplissage et la correction des certificats concernant les naissances à partir du 1er janvier 2008. Le CEpiP est également chargé d’encoder les certificats bruxellois, les certificats wallons étant toujours encodés par un sous-traitant.

Un problème souvent rencontré dans l’analyse des certificats de naissance est la présence de données manquantes. Des informations manquaient sur 64.0% des certificats bruxellois de janvier 2008 (situation de base). Le renforcement de l’enregistrement par le CEpiP durant l’année 2008 est lié à une diminution des informations manquantes sur les certificats initiaux (à la sortie des maternités et services d’état civil) après la première et la deuxième année d’enregistrement : 20,8% et 19,5% des naissances en décembre 2008 et 2009 respectivement. Le taux résiduel de données manquantes après correction grâce aux listes envoyées aux maternités et services d’Etat civil est faible. En particulier, la nationalité d’origine des parents était souvent manquante, jusqu’à 35% à Bruxelles (données non publiées), et ce taux est passé à 2.6% en 2008 et 0.1% en 2009. Certaines données manquantes ne sont pas distribuées de façon équivalente selon la nationalité de la mère, même après correction. Les mères d’origine sub-saharienne ont les taux de remplissage les moins élevés. Enfin, le taux de mort-nés a augmenté par rapport aux données de 2007, au profit des mort-nés avant l’âge de 28 semaines, et suggère une amélioration de l’enregistrement suite au renforcement de l’information.

Les données concernant l’indice de masse corporelle des patientes sont donc relevées depuis 2009 pour l’ensemble des mères qui accouchent en Belgique. L’obésité maternelle et l’immigration sont en augmentation en Belgique, et ont été rarement étudiées au travers d’études de population sur les certificats de naissance. Des études ont pourtant montré que ces mères étaient à risque de complications périnatales, comme la césarienne ou la mortalité périnatale. L’obésité et l’immigration ont en commun le fait qu’elles recouvrent des réalités médicales, sociales et relationnelles face au personnel soignant, qui les mettent à risque de complications périnatales.

Des différences en termes de complications obstétricales et néonatales entre populations immigrantes et autochtones ont été observées en Belgique et dans d’autres pays, mais elles sont encore mal comprises.

Dans un premier travail d’analyse, nous avons évalué les taux de mortalité périnatale chez les mères immigrantes, en fonction du fait qu’elles étaient naturalisées ou non.

Le taux de mortalité périnatale est globalement plus élevé chez les mères immigrantes (8.6‰) que non-immigrantes (6.4‰).

Le taux de mortalité périnatale est globalement plus élevé chez les mères non naturalisées (10.3‰) que chez les mères naturalisées (6.1‰).

Le taux de mortalité périnatale varie selon l’origine des mères, mais dans chaque sous-groupe étudié, les mères non naturalisées ont un taux plus élevé de mortalité périnatale.

Des études ont successivement montré davantage, ou moins de césariennes chez les mères immigrantes. Peu de facteurs confondants étaient généralement pris en compte. Dans un second travail d’analyse, nous avons comparé les taux de césarienne dans plusieurs sous-groupes de nationalités.

Les taux de césarienne varient selon les sous-groupes de nationalités. Les mères originaires d’Afrique sub-saharienne ont un odds ratio ajusté pour la césarienne de 2.06 (1.62-2.63) en comparaison aux mères belges. L’odds ratio ajusté n’est plus statistiquement significatif après introduction des variables anthropométriques dans le modèle multivariable pour les mères d’Europe de l’Est, et après introduction des interventions médicales pour les mères du Maghreb.

Peu d’études ont analysé la relation entre l’obésité maternelle et les complications néonatales, et la plupart de ces études n’ont pas ajusté leurs résultats pour plusieurs variables confondantes. Nous avons eu pour but dans un troisième travail d’analyse d’étudier la relation entre l’obésité maternelle et les paramètres néonatals, en tenant compte du type de travail (induit ou spontané) et du type d’accouchement (césarienne ou voie basse). Les enfants de mères obèses ont un excès de 38% d’admission en centre néonatal après ajustement pour toutes les caractéristiques du modèle multivariable (intervalle de confiance à 95% : 1.22-1.56) ; les enfants de mères obèses en travail spontané et induit ont également un excès de risque de 45% (1.21-1.73) et 34% (1.10-1.63) respectivement, alors qu’après une césarienne programmée l’excès de risque est de 18% (0.86-1.63) et non statistiquement significatif.

Les enfants de mères obèses ont un excès de 31% de taux d’Apgar à 1 minute inférieur à 7, après ajustement pour toutes les caractéristiques du modèle mutivariable (1.15-1.49) ; les enfants de mères obèses en travail spontané et induit ont également un excès de risque de 26% (1.04-1.52) et 38% (1.12-1.69) respectivement, alors qu’après une césarienne programmée l’excès de risque est de 50% (0.96-2.36) et non statistiquement significatif.

In 2008, a Centre for Perinatal Epidemiology was created inter alia to assist the Health Departments of Brussels-Capital City Region and the French Community to check birth certificates. A problem repeatedly reported in birth certificate data is the presence of missing data. The purpose of this study is to assess the changes brought by the Centre in terms of completeness of data registration for the entire population and according to immigration status. Reinforcement of data collection was associated with a decrease of missing information. The residual missing data rate was very low. Education level and employment status were missing more often in immigrant mothers compared to Belgian natives both in 2008 and 2009. Mothers from Sub-Saharan Africa had the highest missing rate of socio-economic data. The stillbirth rate increased from 4.6‰ in 2007 to 8.2‰ in 2009. All twin pairs were identified, but early loss of a co-twin before 22 weeks was rarely reported.

Differences in neonatal mortality among immigrants have been documented in Belgium and elsewhere, and these disparities are poorly understood. Our objective was to compare perinatal mortality rates in immigrant mothers according to citizenship status. Perinatal mortality rate varied according to the origin of the mother and her naturalization status: among immigrants, non-naturalized immigrants had a higher incidence of perinatal mortality (10.3‰) than their naturalized counterparts (6.1‰). In a country with a high frequency of naturalization, and universal access to health care, naturalized immigrant mothers experience less perinatal mortality than their not naturalized counterparts.

Our second objective was to provide insight into the differential effect of immigration on cesarean section rates, using Robson classification. Cesarean section rates currently vary between Robson categories in immigrant subgroups. Immigrant mothers from Sub-Saharan Africa with a term, singleton infant in cephalic position, without previous cesarean section, appear to carry the highest burden.

If it is well known that obesity increases morbidity for both mother and fetus and is associated with a variety of adverse reproductive outcomes, few studies have assessed the relation between obesity and neonatal outcomes. This is the aim of the last study, after taking into account type of labor and delivery, as well as social, medical and hospital characteristics in a population-based analysis. Neonatal admission to intensive care and low Apgar scores were more likely to occur in infants from obese mothers, both after spontaneous and