Résumé : Cette thèse de doctorat interroge la polysémie des modalités de professionnalisation du fait professionnel contemporain. Elle s’inscrit au croisement de la sociologie du travail et des groupes professionnels se centrant sur les aides familiales comme clef d’entrée d’une analyse de l’évolution de l’autonomie professionnelle. Les modalités de professionnalisation au sens large restant l’objet substantif. Nous abordons la professionnalisation comme un folk concept afin de saisir les enjeux centraux au cœur de ces processus, que sont la division du travail et l’adéquation formation-emploi. Ce faisant, nous traduisons la professionnalisation comme un processus temporel mais aussi social. Ce mouvement dialectique s’initie de façon endogène par un groupe de travailleurs et est négocié de façon exogène par des acteurs extérieurs entrant en relation avec ces travailleurs. En ce sens, nous considérons que la professionnalisation est un prisme pour examiner les rapports sociaux de travail qui cristallisent le fait professionnel contemporain.

Nous avons choisi de centrer notre analyse sur un groupe professionnel méconnu, en recherche de reconnaissance et dont les incertitudes sur le travail pèsent à cause des redéfinitions émises par les politiques d’emplois le concernant suite aux changements démographiques et sociétaux affectant l’ensemble de la société. Notre hypothèse centrale est que la professionnalisation désignent des phénomènes problématiques ; qu’elle ne vise pas exclusivement à autonomiser un groupe de travailleurs sur le marché du travail afin qu’ils obtiennent un statut. Elle peut également servir à valoriser une activité afin de légitimer et développer la reconnaissance des organisations prestataires du dit travail.

Pour ce faire, nous sommes partis d’un cadre analytique original et novateur croisant les différentes modalités mentionnées dans la littérature pour en faire une typologie permettant de saisir l’hétérogénéité des phénomènes que recouvre la professionnalisation. Nous avons commencé par retracer les conditions socio-historiques de constitution du groupe à travers une recherche documentaire agrémentée par un travail ethnographique et d’observations participantes. Afin de tester nos hypothèses, nous avons opté pour des méthodologies mixtes. 412 questionnaires furent ainsi récoltés auprès des fédérations employeuses du secteur pour cerner les identités professionnelles revendiquées et convoquées. De même, une trentaine d’entretiens semi-dirigés ont été réalisé pour approfondir l’analyse en termes de trajectoires biographiques et d’évolutions des pratiques.

Nos principaux résultats se traduisent par une innovation théorique, proposant de replacer des formes d’analyses structurannionistes au sein de la sociologie des groupes professionnelles. Ce faisant, nous constatons que le processus de professionnalisation des aides familiales a suivi une catégorisation d’intervention publique où professionnaliser était synonyme de création d’emploi pour in fine devenir un instrument idéologique, qui est repris progressivement sous une catégorisation gestionnaire détachant l’individu, pris comme travailleur professionnel, de la fonction qu’il exerce.