Résumé : Notre travail vise à comparer les émissions de gaz à effet de serre de différents circuits de distribution en Belgique, dont les circuits classiques et les circuits courts, à partir d’une analyse de cycle de vie, du champ à l’étal. Nous nous intéressons à l’agriculture paysanne biologique et à ses modes de distribution ; ainsi, notre étude empirique se base sur une petite exploitation maraichère du Namurois qui commercialise sa production à travers plusieurs canaux, la plupart en circuit court, dont les Groupes d’achat solidaires de l’agriculture paysanne (GASAP), et les paniers bio de la coopérative de producteurs écologiques à finalité sociale Agricovert.Une étude détaillée du marché du bio belge, de l’organisation de ses chaines d’approvisionnement et de distribution nous indique que le marché du bio se différencie du marché conventionnel sur la destination de la production maraichère, qui est tournée vers le marché national, au contraire du secteur maraicher conventionnel, qui exporte 70 % de sa production. En effet, malgré un très forte hausse ces dernières années, l’offre bio reste déficitaire et des importations viennent satisfaire la demande, dans une proportion non connue. Cependant, les chaines approvisionnant les principaux points de distribution que sont les supermarchés et les magasins bio, sont organisées de la même manière que les chaines du conventionnel. Elles sont centralisées, basées sur les criées, les grossistes, pour les magasins bio, et les centrales de distribution pour les supermarchés, comptant en moyenne trois intermédiaires entre le producteur et le consommateur. Ainsi, tout comme dans le conventionnel, les chaines sont longues et la place grandissante de la grande distribution contribue a priori à cette tendance. Dans les chaines longues, bien que la logistique soit de plus en plus efficace entre les étapes, le nombre de ces dernières a augmenté et les kilomètres alimentaires progresseraient, sans que des efforts ne soient faits pour renverser la tendance. Pourtant, lesdomaines agricoles et du transport représentent 8,2 % et 21,4 % des émissions de GES au niveau belge (2012) et cette part a augmenté de près de 7 points pour le transport depuis 1990 (Climat.be, 2014).Cependant, comme démontré par plusieurs auteurs, les kilomètres alimentaires ne sont pas le seul élément à prendre en compte. Le mode de transport, l’efficacité de la logistique (taux de remplissage, retour à vide) et l’échelle de la production et de la distribution sont des facteurs qui rendent souvent les circuits courts ou d’approvisionnement régional moins efficaces au niveau énergétique et environnemental que les circuits classiques (y compris les filières d’importation). Par ailleurs, l’étape de la production aurait bien plus d’impact que la distribution, représentant en moyenne 57 % des émissions de GES en France, contre 17 % pour la distribution (Redlingshöfer, 2006).Nous avons pu observer l’importance de ces éléments dans les résultats de notre ACV. L’étape de la production représente 81 % des émissions de gaz à effet de serre dans notre scénario de référence. Selon notre hypothèse la plus réaliste, c’est le système de distribution via les supermarchés qui enregistre le meilleur résultat, suivi des GASAP, des magasins bio et des paniers bio de la coopérative Agricovert, montrant l’importance de l’efficacité logistique et de l’échelle de la production et de la distribution. C’est le transport qui est le plus impactant pour les circuits courts ; nous préconisons ainsi une optimisation de la logistique (meilleurs taux de remplissage, moyens de transport plus écologiques, mise en place d’un système de collecte par la coopérative dans le cas d’Agricovert). Par ailleurs, nous nous rendons compte que l’échelle de distribution est primordiale, ce qui affaiblit les résultats du système de distribution via Agricovert. Pour les circuits longs, nous préconisons de travailler sur le conditionnement (conditionnement réutilisable pour le transport, suppression del’emballage individuel pour la grande distribution), et une décentralisation des systèmes de distribution, bien que la tendance actuelle soit à la centralisation.