par Vertongen, Youri Lou
Référence 6e Congrès triennal de l'Association belge de sciences politiques (ABSP) (10-11 avril 2014: Université de Liège)
Publication Non publié, 2014-04-11
Communication à un colloque
Résumé : Comprendre les raisons de l'engagement politique des citoyens dans un mouvement de contestation sociale a toujours été un sujet complexe pour les sciences sociales. Ce sujet est d'autant plus difficile à étudier qu'il ne concerne généralement qu'une minorité de la population. Et pour cause, l'engagement dans un espace de contestation représente, selon certaines observations, un investissement physique et/ou moral qui n'est pas exempt de coûts (au sens large du terme), selon les moyens d'action utilisés ou selon la cause que l'on a à affronter1. Si les raisons qui poussent une minorité de personnes à s'organiser pour défendre un intérêt commun ne sont pas aisées à déchiffrer, la difficulté s’intensifie lorsqu'il s'agit d'étudier ces raisons dans le contexte d'une lutte dont la finalité de la mobilisation vise à défendre des intérêts d'autres groupes sociaux que les siens. Nous pouvons donc nous demander ce qui pousse certaines personnes à s'investir dans un mouvement qui milite pour une cause qui n'est pas la leur. Cette question est d'autant plus troublante qu'elle ne permet, semble-t-il, pas d'être abordée depuis une grille de lecture du choix rationnel. Comment et pourquoi une personne, ou un groupe de personnes, est-il socialisé à « la cause de l'autre » et comment est-il pris, personnellement ou collectivement, dans l'engrenage du mouvement ? Dans la présente communication, nous voudrions approfondir ces questions au travers du cas empirique des mouvements de soutien aux luttes des migrants « sans-papiers » en Belgique, ces quinze dernières années (1998 - 2013). En effet, avec le décès de Sémira Adamu et les actions du Collectif Contre les Expulsions (CCLE), un moment de bascule dans la sensibilité collective fut atteint à la fin des années 90'. Plusieurs personnalités de la société civile et politique, des intellectuels, des associations, et des collectifs de citoyens prirent position en soutien aux migrants « sans-papiers », prêtant main forte dans des bâtiments occupés par des collectifs de « sans-papiers » en lutte (Eglises Sainte-Croix (2003), Eglise Saint-Boniface (2005), ULB (2006 &2008), Eglise du Béguinage (2009),...) ou organisant une résistance effective aux politiques de rétention et d'expulsion (CCLE, VAK, CracPe, CAS, Gettingthevoiceout,...). Aujourd'hui encore, alors que l'européanisation des questions d'immigration a rendu plus stricte l'accès au territoire, plusieurs collectifs de citoyens belges agissent aux côtés des migrants « sans-papiers » ou des déboutés du droit d'asile (Collectif de soutien aux Afghans, CRER,...).