par Ferry, Victor ;Sans, Benoît
Référence du groupe de contact « Affects et acquisition des langues » (2: 22 mai 2014: Louvain-la-Neuve)
Publication Non publié, 2014-05-22
Communication à un colloque
Résumé : Depuis l’été 2013, le Groupe de recherches en Rhétorique et en Argumentation Linguistique (GRAL) met en place un projet FRESH : «Exercices de rhétorique : raison pratique, citoyenneté, créativité » (dir. Emmanuelle Danblon). Avec ce projet, nous poursuivons un objectif social (en fournissant à de jeunes élèves et à des étudiants les outils rhétoriques pour défendre leurs opinions avec des arguments solides et créatifs) et un objectif de recherche fondamentale (par l’observation de l’évolution des performances des élèves). Dans notre exposé, nous présenterons l’exercice avec lequel nous formons à la maîtrise des émotions dans l’argumentation. Contre la tradition philosophique et contre les préjugés qui circulent habituellement, nous considérons que l’argumentation rationnelle ne passe pas par un musellement mais bien par une maîtrise des émotions. C’est tout le sens du critère aristotélicien de la convenance en matière d’émotions : « le style aura de la convenance s’il exprime les passions et les caractères, et s’il est proportionné aux choses qui en sont le sujet » (Rhét., III, 7, 1408 a). Dans notre perspective, la convenance en matière d’émotion et, plus généralement, la maîtrise de toute technique rhétorique, doit en passer par le mouvement de balancier des dissoi logoi : une utilisation lucide des émotions en faveur de notre opinion doit en passer par une conscience des émotions que pourrait légitimement mobiliser la partie adverse. Après avoir présenté l’exercice que nous utilisons à cette fin, nous reviendrons sur deux enjeux de l’enseignement de la rhétorique : (1) les enjeux éthiques de la formation à l’argumentation efficace ; (2) les critères d’évaluation des performances des élèves.