par Devroey, Jean-Pierre
Référence Au-delà de l'écrit. Les hommes et leurs vécus matériels au Moyen Age à la lumière des sciences et des techniques. Nouvelles perspectives (16-20 octobre 2002: Marche-en-Famenne)
Publication Non publié, 2002
Communication à un colloque
Résumé : Les modèles de la démographie historique revisitée par le groupe de Cambridge, repris par les médiévistes, ont inspiré dans les années ‘70 un renouveau des études des populations rurales du Haut Moyen Âge, basées sur les polyptyques et des listes de dépendants. Ces recherches ont permis d’approcher avec prudence la structure et la dynamique des populations locales et ont surtout livré des informations précises sur la morphologie des ménages, qui ont largement confirmé la prépondérance de la famille étroite dans les campagnes à partir de l’époque carolingienne. Toutefois, la rareté des sources exploitables explique l’essoufflement rapide de ces recherches. Les médiévistes se sont tournés aujourd’hui en majorité vers les questions posées l’anthropologie historique et l’analyse des formes et des fonctions de la parenté. La paléodémographie, qui repose sur l’étude des restes osseux humains, a véritablement pris son essor dans les années ‘70/80. Après une période d’euphorie fondée sur l’exploitation des outils de modélisation et d’exploitation des données démographiques incomplètes, promis à d’ambitieuses généralisations sur la structure et la dynamique des populations anciennes, ce nouveau champ disciplinaire s’est renforcé après une longue réflexion méthodologique, qui a favorisé les études monographiques et l’usage de marqueurs paléodémographiques. Plus récemment encore, les progrès réalisés par la biologie moléculaire ont permis des avancées spectaculaires dans l’étude des pathologies anciennes. Les deux champs disciplinaires restent toutefois aujourd’hui relativement disjoints : les médiévistes privilégient en général l’emprunt ou la citation de résultats généraux, sans réellement prendre part au débat scientifique. Archéologues et spécialistes des paléosciences demeurent à l’écart du champ historique proprement dit et de ses exigences critiques. L’établissement de questionnaires croisés, à débattre entre spécialistes de la démographie et de l’anthropologie historique, archéologues de terrain et paléodémographes peuvent favoriser un enrichissement mutuel et déboucher sur de nouvelles perspectives de recherche.